Emmanuel Macron se rend lundi à Belgrade pour "renouer des liens distendus" avec la Serbie. L'un des thèmes principaux devrait être celui des relations avec le Kosovo, ex-province serbe à majorité albanaise devenue indépendante en 2008.
Ce sera la première visite d'un président français en Serbie depuis celle de Jacques Chirac en 2001, dans des Balkans où la France est restée peu présente. Emmanuel Macron se rend lundi 15 et mardi 16 juillet à Belgrade avec l'objectif, selon Paris, de "renouer des liens distendus" avec la Serbie, après plusieurs accrocs ces dernières années.
L'un des thèmes principaux devrait être celui des relations avec le Kosovo, ex-province serbe à majorité albanaise devenue indépendante en 2008, sans que Belgrade ni Moscou ne reconnaissent cette souveraineté. Les tensions se sont accrues avec l'application par le Kosovo fin 2018 de droits de douanes de 100 % sur les produits serbes.
Le dialogue sur la normalisation des relations Serbie-Kosovo, mené sous l'égide de l'Union européenne, est ainsi bloqué depuis des mois.
La possibilité de tenter de régler le conflit par un échange de territoires reste en suspens. Paris y est ouvert, au contraire de Berlin qui craint de rouvrir la boîte de Pandore des nationalismes.
Loupé du protocole français
Autre sujet délicat, la demande d'adhésion de la Serbie à l'UE, sur laquelle Paris reste prudent. "Le président de la République soutient la perspective européenne des Balkans, mais a dit également que cette adhésion aurait lieu quand l'UE se sera préalablement reformée, ce qui est très bien compris par les Serbes", selon l'Élysée, pour qui l'UE, ralentie par son difficile fonctionnement à 28, n'est actuellement pas en capacité d'absorber un nouvel élargissement.
Paris et Belgrade doivent aussi surmonter le malaise créé par un loupé du protocole français lors de la cérémonie du 11-novembre, qui a indigné la Serbie. Le président Aleksandar Vucic avait été placé dans une tribune secondaire, alors que Hashim Thaçi, président du Kosovo, était assis dans la tribune principale, avec Emmanuel Macron, Donald Trump et Vladimir Poutine.
Autre différend, le refus opposé en avril 2017 par la justice française de livrer Ramush Haradinaj, actuel Premier ministre du Kosovo, réclamé par la justice serbe qui l'accuse de crimes de guerre durant le conflit du Kosovo.
Présence chinoise
Dans ce contexte, Emmanuel Macron doit inaugurer un monument à l'amitié franco-serbe dans un parc du centre de Belgrade, dont l'inscription "Aimons la France comme elle nous a aimés" avait été maculée de peinture noire en décembre.
Ce désamour s'accompagne d'une faiblesse des liens économiques, même si Vinci a récemment remporté la concession de l'aéroport de Belgrade et qu'Alstom reste en lice pour le projet de métro de Belgrade. Mais le groupe français, dont les dirigeants feront partie de la délégation française, est désormais en concurrence avec un consortium chinois.
Les Balkans sont une pièce importante des "Nouvelles routes de la Soie", méga-projet de la Chine pour développer sa puissance économique mondiale. Depuis six ans, les Chinois se montrent actifs, proposant des prêts à faible taux d'intérêt et rivalisant avec les entreprises européennes. Entre 2007 et 2017, Pékin a annoncé un total de 12 milliards d'euros de prêts dans les pays de la région, dont un tiers pour la Serbie.
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