Tournée des "points chauds" en voiture banalisée, visite sur un ancien "point de deal", rencontre avec des policiers, bain de foule improvisés... Emmanuel Macron est venu lundi à Montpellier (Sud) montrer son engagement pour une "sécurité du quotidien" mais a été aussi interpellé sur le manque de mixité dans un quartier difficile.
Le chef de l'État français a commencé par une visite lundi matin au commissariat central de Montpellier, pour discuter avec des policiers, leur promettant davantage de moyens. Tous ont témoigné de la hausse des violences, qu'elles viennent des trafiquants de drogue, de manifestants devenus bien plus agressifs depuis le mouvement de contestation social des "gilets jaunes" ou dans la vie quotidienne.
Pendant la visite présidentielle, un homme a d'ailleurs été grièvement blessé par balles lundi matin près du centre historique. "Notre travail essentiel est la lutte contre le trafic de drogue. On a affaire à des jeunes plus organisés qu'avant, plus armés", lui a expliqué Ludivine, une policière.
La "violence s'est développée" durant les "gilets jaunes", a raconté un policier. Depuis "les manifestants sont devenus plus pros. Ils n'hésitent pas à venir au contact. C'est une véritable armée qu'on a en face".
Autre sujet brûlant, la captation d'images. "Les jeunes délinquants sont sans cesse en train de filmer les policiers. Mon fils de 16 ans ne parle pas de ma profession au lycée", a expliqué un policier. M. Macron avait lui-même dressé ce constat dimanche dans un entretien au Figaro, où il a défendu sa stratégie sécuritaire, qui s'annonce comme un enjeu clé de la présidentielle. En particulier, il a promis de tenir son objectif de 10.000 policiers supplémentaires d'ici à 2022.
“Pierre, ça existe?”
Lundi après-midi, après avoir passé 40 minutes dans une voiture banalisée avec des policiers qui lui ont montré des "points de deal", le chef de l'Etat s'est rendu dans un parking en sous-sol dans le quartier pauvre de la Mosson, une étape non-inscrite à son programme. À son arrivée, une petite foule l'a entouré et l'a bombardé de questions, allant de la réouverture des écoles aux créneaux de vaccination. Il s'est prêté volontiers à ces questions-réponse avant d'aller discuter longuement avec quelques habitants dans l'ancien parking.
Au-delà de la question des trafics, les résidents l'ont alerté sur le manque de mixité de ce quartier, qui a accueilli de nombreux immigrés depuis sa création et dont 58% des 22.000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Le 1er novembre, une fusillade y a éclaté en plein jour. "Mon fils m'a demandé si le prénom de Pierre existait vraiment. Cela m'a vraiment choquée. Il faut davantage de mixité dans le collège de ce quartier. C'est vraiment grave", a déploré une habitante voilée, membre du Conseil de quartier, un témoignage frappant qui a surpris Emmanuel Macron.
"On veut changer l'image de La Mosson. Que tout le monde retrouve la dignité", a renchéri une déléguée de parents d'élèves.
Emmanuel Macron, qui était accompagné du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et du maire socialiste (gauche) de Montpellier Michael Delafosse, a conclu sa visite par une table ronde avec des acteurs de terrain qui luttent contre la délinquance.
"Quand on habite des quartiers comme celui-ci, le premier droit c'est de vivre dans le calme et la quiétude", "dès qu'on abandonne ce combat, la mixité n'est plus possible", a-t-il dit. Mais "on n'aide pas les gens en leur donnant un chèque. On les aide en donnant une dignité pleine et entière.”
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