Le candidat de centre-gauche Alberto Fernandez est arrivé tête de la présidentielle de dimanche en Argentine, devant le président sortant Mauricio Macri. Selon des résultats partiels, il devrait l'emporter dès le premier tour.
Vers une victoire dès le premier tour. Le candidat péroniste de centre gauche Alberto Fernandez est arrivé en tête de l'élection présidentielle en Argentine, devant le président sortant Mauricio Macri, montrent les résultats officiels publiés quasi-complets publiés dimanche 27 octobre.
Après le dépouillement de 80 % des bulletins de vote, Alberto Fernandez, dont la colistière est l'ancienne présidente Cristina Fernandez de Kirchner, est crédité de 47,78 %, devant Mauricio Macri à 41,08 %. Pour remporter la présidence et s'éviter un second tour le 24 novembre, un candidat doit disposer d'au moins 45 % des suffrages ou de 40 % des voix avec une différence de 10 points avec le deuxième.
Une foule de sympathisants d'Alberto Fernandez s'est réunie devant le siège de campagne du candidat pour l'acclamer. Mathilde Guillaume, correspondante de France 24, rapporte que "l’ambiance est à la liesse". "Cette victoire retentissante au premier tour est une expression très nette du peuple argentin", a déclaré Felipe Solá, l'un des plus proches conseillers d'Alberto Fernandez.
Crise économique
L'ambiance était plus silencieuse de l'autre côté de la ville, dans les locaux de Mauricio Macri. "La défaite s’annonce très rude, analyse Mathilde Guillaume. La raison principale, c’est bien sûr la crise économique terrible dans laquelle il a plongé le pays avec ses mesures d’austérité. Dévaluation, inflation, chômage, pauvreté, retour de la faim… tous les indicateurs sont dans le rouge. Le message des classes moyennes et populaires est clair : elles souhaitent respirer à nouveau et en finir avec ces quatre années de privation. Ce qui s’annonce avec les péronistes, c’est un modèle plus social, plus protectionniste aussi."
Selon Mathilde Guillaume, ces résultats peuvent aussi s'analyser "dans le contexte de crise des droites sud-américaines et de l’échec de ces politiques néolibérales. Mais si le Chili ou avant lui l’Équateur protestent dans la rue, les Argentins l’ont fait aujourd’hui par les urnes."
Alberto Fernandez, devra, pour sortir le pays de la crise, parvenir à créer un consensus, ce qui n'est pas facile dans une Argentine toujours plus polarisée.
L'ombre de Cristina Kirchner
Des investisseurs craignent que sa victoire n'entraîne le retour des politiques interventionnistes de la période du kirchnérisme (2003-2015).
Des analystes se demandent en outre qui gouvernera réellement : Alberto Fernandez, ancien chef de cabinet de Cristina Kirchner et de son mari Nestor Kirchner (président de 2003 à 2007), ou bien Cristina Kirchner, 66 ans.
Habitués aux bouleversements économiques, nombre d'Argentins se sont massés vendredi devant les banques et les bureaux de change pour acheter des dollars ou retirer leurs dépôts. Depuis les primaires, les épargnants argentins ont retiré quelque 12 milliards de dollars de leurs comptes, soit environ 36,4 % du total.
Alberto Fernandez s'est efforcé de les rassurer. "Que les Argentins soient tranquilles, nous allons respecter vos dépôts", a-t-il déclaré, faisant allusion au spectre du "corralito", nom officieux des mesures prises en 2001 en Argentine pour mettre fin à une course à la liquidité et à la fuite des capitaux.
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