Sa gestion des manifestations contre le racisme, son action rapide après la mort d'un homme noir ce week-end et ses discours poignants l'ont propulsée dans les sondages. À 50 ans, la maire d'Atlanta Keisha Lance Bottoms pourrait se hisser au poste de colistière de Joe Biden.
Elle fait le tour des médias depuis la mort de George Floyd, finn mai. Alors qu'Atlanta – comme d'autres villes américaines – s'embrasait, la maire Keisha Lance Bottoms improvisait un discours saisissant pour appeler les émeutiers à rentrer chez eux. "Avant toute chose, je suis une mère. La mère de quatre enfants noirs en Amérique", avait-elle lancé le 29 mai. "Alors vous n'allez pas me dire que vous êtes plus inquiets que moi", avait-elle lancé.
Une candidate afro-américaine
"Si vous voulez changer l'Amérique, allez vous inscrire pour voter, avait-elle ajouté. Vous déshonorez la vie de George Floyd et de tous ceux qui ont été tués dans ce pays". Depuis, la maire âgée de 50 ans a été catapultée vers les sommets des pronostics sur les possibles colistières de Joe Biden.
Le candidat démocrate, âgé de 77 ans, a promis de nommer d'ici août une femme pour l'accompagner dans l'élection présidentielle qui l'opposera à Donald Trump le 3 novembre. En cas de victoire, Keisha Lance Bottoms deviendra la première vice-présidente des États-Unis. Et en plein mouvement historique de colère antiraciste, la pression a monté pour que Joe Biden choisisse une candidate afro-américaine.
Saluée pour sa gestion des crises
Si son manque d'expérience à l'échelle nationale pourrait handicaper ses chances, Keisha Lance Bottoms a été saluée ces dernières semaines pour sa gestion des dernières crises.
Dernière en date, ce week-end, avec le décès de Rayshard Brooks, un homme noir abattu par un policier blanc dans sa ville. Dès samedi, la maire a annoncé la démission "immédiate" de la responsable de la police. Elle a déclaré ne pas penser que le fait qu'il ait résisté à son arrestation justifie "l'usage d'une force létale" et appelé au limogeage immédiat du policier qui a tiré. Sa ville affiche avec fierté son héritage afro-américain, où une majorité des habitants sont noirs.
À Atlanta, des manifestants reprennent la rue après la mort de Rayshard Brooks par la police
Lors d'interviews, Keisha Lance Bottoms n'hésite pas à montrer souvent ses émotions, comme dimanche soir dans une interview à CNN. "Il est vraiment difficile pour moi de mettre de côté ma propre colère et tristesse pour dire à nos habitants ce qu'ils ont besoin d'entendre parce qu'en réalité : que peut-on leur dire ?", a-t-elle déploré.
Elle a également été remarquée pour sa gestion de la pandémie de Covid-19, qui frappe aux États-Unis particulièrement les Afro-Américains, en s'opposant au déconfinement lancé par le gouverneur républicain de son État, la Géorgie, dès fin avril.
"Nous mourons du Covid-19. Nous mourons à cause des brutalités policières et de la pauvreté et du manque d'accès à un système de santé de qualité, et à cause du chômage", a-t-elle déclaré au magazine Vanity Fair en juin. "Nos communautés disent : 'Nous voulons cela change dès maintenant'."
L'une des premières maires à soutenir Biden en 2019
Maire d'Atlanta depuis 2018, conseillère municipale de 2010 à 2018 après avoir été juge intérimaire, Keisha Lance Bottoms n'a pas le CV traditionnel des colistiers – souvent des élus du Congrès américain ou des gouverneurs – dont peuvent se targuer ses rivales pressenties comme les sénatrices Kamala Harris et Elizabeth Warren, ou l'élue du Congrès Val Demings. Mais elle est proche de Joe Biden et avait été l'une des premières maires d'une grande ville à le soutenir dès juin 2019.
Keisha Lance Bottoms soutient Joe Biden quand il propose d'éliminer les "inégalités raciales" du système judiciaire. Elle a rappelé dans plusieurs interviews sa douleur d'avoir vu son père, Major Lance, chanteur de soul reconnu (il a joué avec les Beatles et Elton John) menotté lorsqu'il fut fut arrêté chez eux pour possession et vente de cocaïne quand elle avait huit ans.
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