La Maison Blanche a choisi lundi l'affrontement avec le Congrès dans l'affaire ukrainienne. Elle ne coopèrera pas avec l'enquête des démocrates visant à l'"impeachment" du président Donald Trump.
Cette fois, la guerre est déclarée. La Maison Blanche a fait savoir, mardi 8 octobre, qu'elle refusait dorénavant de coopérer avec le Congrès dans l'enquête pour "impeachment" visant le président Donald Trump.
Pat Cipollone, avocat de la présidence, a envoyé un courrier de huit pages à Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, dans lequel il sabre l'enquête sur l'affaire ukrainienne : "Pour faire simple, vous essayez d'annuler les résultats de l'élection de 2016 et de priver les Américains du président qu'ils ont librement choisi", écrit-il.
Selon lui, la Chambre aurait dû organiser un vote formel afin d'ouvrir l'enquête. "Dans ces circonstances, le président Trump et son administration ne peuvent participer à votre enquête partisane et anticonstitutionnelle", continue-t-il. Le chef de la majorité républicain au Sénat, Mitch McConnell, a appuyé cet argument, estimant que la Chambre n'avait "pas suivi les mêmes procédures de base qu'elle avait respectées pour tous les autres présidents".
Nancy Pelosi n'a pas tardé à réagir. "Pendant un moment, le président a tenté de normaliser le fait de manquer de respect à la loi. Désormais, il tente d'en faire une qualité", a-t-elle ironisé. "La lettre de la Maison Blanche n'est que la dernière tentative en date de couvrir sa trahison de la démocratie et de persister à dire que le président est au-dessus des lois", a-t-elle ajouté.
"Enquête bidon"
Quelques heures auparavant, la Maison Blanche avait bloqué le témoignage devant les élus de Gordon D. Sondland, l'ambassadeur américain auprès de l'Union européenne, un personnage-clé dans l'affaire ukrainienne. Pour justifier cette décision, Donald Trump avait qualifié les efforts des démocrates d'"enquête bidon".
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Les responsables des commissions parlementaires chargées de l'enquête ont réagi dans la soirée en envoyant une injonction formelle à Gordon D. Sondland, l'obligeant à se présenter à une audition mercredi 16 octobre et à transmettre les documents relatifs à l'enquête.
Obstruction
Les démocrates crient à l'abus de pouvoir. Ils considèrent que tout effort visant à bloquer leur enquête pourra être considéré comme une "preuve" d'obstruction à la justice, un motif supplémentaire pour la mise en accusation (impeachment) du président. Ce fut le cas contre l'ex-président Richard Nixon, qui a démissionné avant que la Chambre des représentants ne procède au vote.
La Maison Blanche semblait hésiter ces derniers jours au sujet de sa coopération à l'enquête. Sa décision de passer en force vise à gagner du temps alors que les démocrates voulaient aller vite. Mais elle semble toutefois risquée, s'inquiètent certains républicains : l'opposition accuse déjà le président d'avoir des choses à cacher et ce manque de coopération pourrait renforcer les soupçons.
Si l'opinion publique se montre de plus en plus favorable à l'impeachment de Donald Trump, ce dernier bénéficie toujours du soutien de sa majorité au Sénat. Or, une fois une éventuelle mise en accusation votée à la Chambre des représentants, ce sont les sénateurs qui devront décider de condamner ou non le président. La destitution du milliardaire semble donc encore improbable.
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