« Des questions de dernières minutes ont été soulevées concernant (…) les produits chimiques utilisés pour l’injection létale », a annoncé la gouverneure républicaine de cet Etat conservateur du sud des Etats-Unis. L’exécution initialement prévue mercredi soir a donc été repoussée au 6 novembre.
L’administration pénitentiaire, qui dépend de l’Etat de l’Oklahoma, dispose ainsi de 37 jours pour déterminer si l’usage de l’acétate de potassium dans le cocktail de produits mortels est conforme aux procédures d’exécution validées par la justice. La possibilité de se procurer un autre produit, le chlorure de potassium, doit aussi être examinée, selon la gouverneure.
Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un vif débat relancé en 2014, lorsqu’une injection ratée d’un cocktail qui n’avait jamais été testé auparavant avait provoqué la mort d’un condamné dans d’atroces souffrances après quarante-trois minutes d’agonie. Immédiatement après le calvaire de cet homme, l’Oklahoma avait décrété un moratoire de six mois et une révision de son protocole d’exécution.Condamné à mort sur un unique témoignage
L’homme qui vient d’échapper, temporairement, à son exécution est Richard Glossip, 52 ans, reconnu coupable d’avoir commandité le meurtre du propriétaire d’un motel dont il assurait la gestion, sur la base d’un témoignage très controversé. Un sursis de deux semaines avait déjà été accordé mi-septembre pour « assurer un examen équitable » de nouveaux recours déposés par la défense de M. Glossip, qui clame son innocence depuis dix-huit ans.
La décision de la gouverneure de l’Oklahoma est intervenue à la toute dernière minute, une situation tout à fait « extraordinaire », selon Robert Dunham, directeur du Centre d’information sur la peine de mort.
Le cas de Richard Glossip se distingue par une campagne de soutien particulièrement active de la part de nombreuses personnes convaincues de son innocence. Ses défenseurs dénoncent le fait que la condamnation en 1997 soit fondée sur l’unique témoignage de Justin Sneed, un jeune de 19 ans qu’il avait recruté, qui, en plaidant coupable et en impliquant M. Glossip, a pu éviter la peine de mort pour lui-même et a négocié une réclusion à perpétuité.
Soutenu par le pape François et Richard Branson
Une vaste campagne de soutien mobilise plusieurs personnalités comme l’actrice Susan Sarandon ou le milliardaire Richard Branson. Ce dernier s’est félicité de la suspension de la condamnation, écrivant dans un tweet : « 37 jours pour montrer qu’il est innocent et que l’injection létale est cruelle. »
Le pape François, en visite la semaine dernière aux Etats-Unis où il a plaidé pour l’abolition de la peine de mort devant les élus du Congrès, a lui aussi demandé la grâce de Richard Glossip, par l’intermédiaire d’une lettre envoyée le 21 septembre par son représentant personnel.
Selon un sondage réalisé en mars par Pew Research Center, 56 % des Américains sont favorables à la peine capitale. Ce chiffre représente une baisse continue et significative, car ils étaient encore 62 % en 2011 et 78 % en 1996.
En 2014, 35 personnes ont été exécutées (16, lors des six premiers mois de l’année 2015), alors qu’en 1999, année record, ce fut le cas pour 98 prisonniers. Et, selon le Death Penalty Information Center, 73 condamnations à mort ont été prononcées en 2014, contre 279 en 1999. Si l’on s’en tient à la répartition géographique du recours à la peine capitale, on peut même s’interroger sur le caractère national de cette sentence. En 2014, 80 % des exécutions ont été le fait de trois Etats : Texas, Missouri, Floride.
6 Commentaires
Ndiaye_doss
En Octobre, 2015 (13:10 PM)Anonyme
En Octobre, 2015 (13:17 PM)Bref Dieu seul détient le monopole de la vérité.
Lethal
En Octobre, 2015 (13:34 PM)Lethal
Lethal
Lethal
Lethal
Anonyme
En Octobre, 2015 (14:08 PM)Anonyme
En Octobre, 2015 (14:39 PM)@post N1
En Octobre, 2015 (02:10 AM)Participer à la Discussion