"M. Sarkozy doit encourager le Sénégal à organiser le procès de Hissène Habré", selon les termes d’un communiqué signé par l’Association des victimes des crimes et des répressions politiques au Tchad (AVCRP), l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’Homme (ATPDH), la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO) et Human Rights Watch.
Dénonçant le silence français autour du cas de l’ancien dictateur accusé de crimes contre l’humanité, Jacqueline Moudeina, présidente de l’ATPDH et avocate des victimes, s’étonne "que la France, qui entretient des relations historiques et privilégiées, tant avec le Tchad qu’avec le Sénégal, se révèle aussi indifférente au sort des victimes de Habré".
Pour les ONG signataires, "la France devrait offrir une aide financière et technique au Sénégal pour ce procès historique", à l’image de plusieurs autres pays européens.
Dakar a été mandaté en juillet 2006 par l’Union africaine (UA) pour accueillir le procès de l’ex-chef de l’Etat tchadien (1982-90), réfugié au Sénégal depuis sa chute.
Les députés sénégalais ont voté fin janvier des lois introduisant une compétence universelle pour les cas de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de génocide, ouvrant la voie à un procès Habré devant une juridiction sénégalaise.
Le 12 juillet dernier, le ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy annonçait que M. Habré serait jugé par la cour d’assises, sans toutefois donner la date du début de l’instruction.
Selon Alioune Tine, de la Raddho, "plus rien ne s’oppose à ce qu’une instruction soit ouverte contre Hissène Habré et qu’un juge d’instruction soit désigné".
"Le Sénégal doit cesser d’agiter l’absence de moyens comme un obstacle, ce qui manque réellement, c’est la volonté et le courage politique", estime-t-il.
Les ONG rappellent enfin qu’au soir de son élection le 6 mai, le président français s’était engagé à placer la France aux côtés de "ceux qui sont persécutés par les tyrannies, par les dictatures".
"La question de savoir si la France est du côté de ceux qui ont été persécutés par le régime de Hissène Habré est cependant en suspens", souligne Souleymane Guengueng, vice-président de l’AVCRP.
"La visite de travail qu’effectuera le président Sarkozy au Sénégal, à partir de 26 juillet prochain, doit être l’occasion de la résoudre", a-t-il poursuivi.
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