L'entreprise Nestlé Waters, propriétaire des marques Vittel et Perrier, est visée en France par une commission d'enquête parlementaire dont la création a été entérinée jeudi au Sénat pour "faire la lumière sur les pratiques des industriels de l'eau embouteillée", notamment sur des procédés de filtration interdits.
Les traitements de filtration, par exemple avec des lampes UV et du charbon actif, ne sont en principe pas dangereux pour la santé mais pas autorisés pour les eaux minérales.
La commission d'enquête ouverte par le Sénat visera notamment à "examiner l'ensemble des risques" liés à ces traitements et à jauger "la connaissance qu'avaient les membres du gouvernement de ces pratiques," a précisé le rapporteur de cette commission, le sénateur socialiste Alexandre Ouizille.
"Il faut qu’on confronte publiquement Nestlé Waters et tous les autres acteurs industriels en cause", a ajouté M. Ouzille dans un communiqué.
Le gouvernement français avait été avisé par Nestlé en 2021 de son recours à des traitements interdits, selon l'entreprise.
Les autorités avaient alors ensuite, sans toutefois ébruiter l'affaire ni informer les consommateurs, assoupli la réglementation, et permis aux industriels d'utiliser des microfiltres avec un seuil de filtration inférieur à 0,8 micron.
Un récent rapport sénatorial a pointé l'"opacité" des pouvoirs publics et des industriels dans cette affaire révélée au grand jour par l'enquête de plusieurs médias, amenant le parquet d'Epinal (est) à ouvrir une enquête préliminaire.
Nestlé Waters, au coeur du scandale depuis janvier, doit déjà payer une amende de 2 millions d'euros en raison de l'utilisation de traitements de filtration non autorisés sur les eaux minérales et de forages exploités sans autorisation.
Le groupe Alma, leader en France des eaux minérales et de source (Cristaline, Saint-Yorre, Vichy Célestins), a également indiqué faire l'objet d'une "procédure judiciaire".
"Chaque révélation fait surgir une nouvelle tête : une dimension sanitaire d'ampleur qui s’affirme et une menace écologique pour la ressource qui se manifeste", selon M. Ouizille, cité dans le communiqué.
La commission d’enquête du Sénat entend aussi se pencher sur "l'accaparement des sources par des acteurs industriels, et les impacts potentiels de cette exploitation sur la durabilité des ressources", selon le sénateur.
Joint par l'AFP, Nestlé Waters France a fait part de son intention de "coopérer pleinement" avec la commission d'enquête.
"Nous réaffirmons que toutes nos eaux peuvent être bues en toute sécurité" et que les activités de la filiale se "sont exercées en toute transparence avec les autorités", a ajouté l'entreprise, filiale du géant suisse de l'agroalimentaire Nestlé.
En France, Nestlé est propriétaire des marques Vittel, Contrex et Hépar, puisées et embouteillées dans les Vosges, et Perrier dans le Gard.
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