Le bras de fer continue entre le ministre de la Justice Francis Nkéa Ndizigue et les magistrats gabonais. Ces derniers ont annoncé jeudi le début d'une "grève générale illimitée", exigeant la démission du ministre qui a accusé publiquement des juges de "corruption".
Voilà une semaine que la tension monte les magistrats gabonais et le ministre de la Justice Francis Nkéa Ndizigue. Réunis en assemblée générale mercredi à Libreville, les magistrats ont décidé à l’unanimité d’une « grève générale illimitée »à compter de ce jeudi, « et ce jusqu’au départ du ministre », promet le Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag), qui annonce son intention de porter plainte contre le Garde des sceaux pour « pour outrage, injures et diffamation ».
Accusations de corruption
Le 7 décembre dernier, en réaction à la convocation par le ministre d’un juge d’instruction qui venait de décider de la remise en liberté provisoire d’un inculpé dans une affaire sous sa responsabilité, le Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag) avait fustigé « les immixtions intempestives du pouvoir exécutif dans le pouvoir judiciaire ».
La corruption des magistrats [est] un fléau social auquel les Gabonais sont quotidiennement confrontés
Des accusations qui n’ont pas vraiment plu à Francis Nkéa Ndizigue qui, en retour, avait demandé des sanctions disciplinaires accompagnées de la suspension du magistrat concerné. Le ministre avait également dénoncé « la corruption des magistrats, un fléau social auquel les Gabonais sont quotidiennement confrontés ».
« Il n’est pas rare de voir les Gabonais payer de fortes sommes à un juge pour obtenir des décisions de justice en leur faveur », avait-il affirmé, ajoutant cependant que « cela ne veut pas dire que tous les juges sont des corrompus ».
Communication théâtrale
Les magistrats sont indignés par le comportement désinvolte et puéril du ministre de la Justice
Agacé par ces propos, le syndicat des magistrats a donc répliqué dans un communiqué. « Les magistrats sont indignés et la justice répugnée par le comportement désinvolte et puéril du ministre de la Justice » explique la Synamag qui estime que le ministre « n’a nullement répondu aux griefs qui lui avaient été faits, se contentant plutôt d’avancer de grossiers et honteux mensonges et de tenir des propos injurieux et diffamatoires pour le juge d’instruction concerné, le Synamag mais aussi l’ensemble des magistrats du Gabon ».
Le syndicat critique une « communication théâtrale [qui] n’avait pas lieu d’être », et l’attitude du ministre de la Justice, avocat de profession, qu’il accuse d’agir aujourd’hui comme un « auxiliaire de justice ».
« Commis d’un système, vous êtes très mal placé pour parler de la corruption dans la justice. Votre passif vous disqualifie pour vous présenter comme défenseur de la moralité dans les juridictions », attaque le syndicat.
Le conflit agite Libreville depuis une semaine. Le quotidien pro-gouvernemental l’Union n’a d’ailleurs pas hésité à titrer jeudi matin : « Les magistrats réclament la tête du ministre ». Francis Nkéa Ndizigue, lui, n’a pas encore réagi publiquement.
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