Dakar, 23 déc (APS) - La majorité de l’Armée guinéenne demeure ’’loyaliste et républicaine’’, a assuré Aboubacar Somparé, qui réagissait quelques heures après qu’un groupe de militaire a annoncé la suspension de la Constitution et des institutions du pays, alors qu’une transition devait se mettre en place pour conduire les destinées du pays suite au décès du président Lansana Conté, lundi à l’âge de 74 ans.
’’Je crois que la majorité de l’armée est loyaliste et républicaine’’, a confié mardi à RFI le président de l’Assemblée nationale guinéenne. ’’Je ne pense pas que la grande majorité de l’Armée guinéenne puisse cautionner une prise de pouvoir qui n’est pas prévue par la Constitution’’, a-t-il ajouté.
Selon la Constitution du pays, Aboubacar Somparé devait prendre les rênes du pays après le décès du président Lansana Conté. Suivant les dispositions du texte fondamental du pays, Somparé avait la tâche de conduire le pays à une élection présidentielle, dans un délai de 60 jours.
A la tête de la République de Guinée depuis le 3 avril 1984, une semaine après la mort du "père de l’indépendance" Ahmed Sékou Touré, le président Conté a jusqu’à sa mort tenu d’une main de fer le pays durant 24 ans.
A l’annonce de la nouvelle, le président de l’Assemblée nationale, Aboubacar Somparé, a appelé dans la soirée la Cour suprême guinéenne à constater la vacance du pouvoir et à faire respecter la loi, tandis que le Premier ministre Ahmed Tidiane Souaré demandait à l’armée, dans son intervention télévisée aux côtés d’Aboubacar Somparé et du chef des armées, de sécuriser les frontières du pays.
Mais mardi tôt le matin, le capitaine Moussa Camara qui s’est présenté comme le porte-parole d’un Conseil national pour la démocratie est apparu à la télévision pour annoncer la dissolution des institutions et du gouvernement.
Le Premier ministre Ahmed Tidiane Souaré est par la suite intervenu lors d’une allocution radiodiffusée pour démentir la dissolution du gouvernement, assurant que son équipe continuait à fonctionner normalement.
’’Il me semble qu’ils (les militaires guinéens) sont en train de se concerter au camp Alpha Yaya entre loyalistes et putschistes. Nous attendons l’issue de cela’’, a déclaré le dauphin constitutionnel de Lansana Conté. ’’Je sais simplement qu’il y a un officier qui est allé faire la déclaration à la radio le matin et qu’il aurait quelques complices dans l’armée’’, a indiqué M. Somparé, en allusion au capitaine Moussa Camara.
S’agissant de la position du chef d’état-major de l’armée guinéenne, le président de l’Assemblée nationale guinéenne a rappelé que lundi il avait fait en sa compagnie une déclaration, pour inviter la Cour suprême et les forces de l’ordre à constater la vacance du pouvoir et à sécuriser le pays.
’’Ce matin, le Premier ministre (Ahmed Tidiane Souaré) m’a confirmé qu’il (le chef d’état-major général de l’Armée) est resté sur sa position, c’est-à-dire qu’il est loyaliste, il estime qu’il faut respecter la Constitution’’, a poursuivi Aboubacar Somparé.
Devant cette situation, il s’est dit ’’malheureux’’ pour son pays. ’’C’est une violation regrettable de la Constitution qui ne peut qu’amener des troubles et des malheurs pour la Guinée’’, selon lui. ’’Nous avons fait des avancées sur le plan de l’Etat de droit et de la démocratie. Faire un coup d’Etat maintenant ce serait un retour en arrière (...). La Guinée a trop souffert, elle ne méritait pas cela’’, a-t-il indiqué.
Prié de dire ce qu’il ferait s’il est effectivement appelé à conduire la transition du pays, Aboubacar Somparé a assuré qu’il s’attellera ’’d’abord conformément à la loi’’ à organiser ’’rapidement des élections présidentielles’’.
Mais, a-t-il précisé, les délais suivant lesquels cette tâche sera exécutée dépendront de ’’la réalité du terrain’’. ’’Aujourd’hui, a-t-il fait remarquer, nous sommes en train de préparer les élections législatives’’.
’’Nous connaissons les difficultés que les recenseurs rencontrent pour la révision des listes électorales. J’espère que tout cela va s’améliorer assez rapidement pour que dans les meilleurs délais, on puisse organiser des élections crédibles et transparentes’’, a-t-il souligné.
’’Je souhaite que la situation se calme le plus rapidement possible et que l’on assure la transition de façon paisible comme nous l’avons souhaité et comme c’est prévu par la Constitution. Je pense que rien n’est encore perdu’’, a-t-il fait valoir.
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