
Mardi soir, le Conseil électoral provisoire (CEP) de Haïti avait reçu 60% des quelque 12 000 procès-verbaux établis après dépouillement des votes du 20 novembre (premier tour de l’élection présidentielle, législatives et sénatoriales partielles). Scannés et disponibles sur le site du CEP, ces documents ne permettent pas, assure le Conseil, d’extrapoler le futur résultat. «Il est catégoriquement interdit à tout candidat ou parti de s’autoproclamer vainqueur de l’élection avant la publication officielle des résultats», a en outre prévenu le président du CEP, Léopold Berlanger. Peine perdue: deux formations, le PHTK (Parti haïtien Tèt kale) et Fanmi Lavalas fêtaient dès lundi, lendemain du vote, la victoire de leur candidat.
Un président intérimaire
Le CEP devrait rendre publics les résultats officiels au plus tard mardi prochain. Le temps d’enregistrer les PV de chaque bureau de vote, de recompter les voix et de déceler d’éventuelles irrégularités. La précédente élection, en octobre 2015, avait en effet été invalidée en raison de violences et de soupçons de fraude massive. Raison pour laquelle de nombreux observateurs internationaux (Nations unies, Organisation des Etats américains) surveillent le processus. Le précédent chef de l’Etat, Michel Martelly, élu en 2011, n’ayant pu transmettre le pouvoir à la fin de son mandat, le Parlement avait désigné en février Jocelerme Privert, alors président du Sénat, au poste de président par intérim.
«Le candidat Jovenel Moïse est le président élu de Haïti», a déclaré lundi soir Rudy Hérivaux, porte-parole du PHTK, parti formé autour du président Martelly, surnommé «Tét kale» (crane rasé). Fanmi Lavalas («Famille Cataclysme»), mouvement qui se réclame du président de gauche Jean-Bernard Aristide, en poste à plusieurs reprises entre 1991 et 2004, prétend aussi que sa candidate Maryse Narcisse a remporté l’élection dès le premier tour.
Wyclef Jean a pris position
Les partisans des deux autres favoris sont restés plus discrets: Jude Célestin, leader de la Lapeh (Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne) et Moïse-Jean Charles, du parti Pitit Dessalines. Les 23 autres candidats qui briguaient les voix de 6,2 millions d’électeurs n’ont guère de chances de disputer le second tour.
Lundi, l’Haïtien le plus célèbre de la planète, le musicien et producteur Wyclef Jean, confiait au quotidien Le Nouvelliste avoir voté Jude Célestin. «Je crois en sa vision, et j’aime sa façon d’encourager les femmes à être plus utiles dans la société», a expliqué le fondateur des Fugees, groupe de rap-soul formé aux Etats-Unis.
Came home to vote b/c it's crucial to excersize our Democratic rights when so many before us sacrificed their lives so we have these Rights pic.twitter.com/o3Th3gbWzC
— Wyclef Jean (@wyclef) 20 novembre 2016
Lors du précédent scrutin présidentiel, Wyclef Jean avait déposé sa candidature au fauteuil présidentiel, mais la commission électorale l’avait recalé, jugeant qu’il n’avait pas résidé dans le pays les cinq années précédentes. Il avait alors appelé à voter pour Michel Martelly, lui aussi chanteur célèbre sous le nom de Sweet Micky. Wyclef Jean a, depuis, fixé sa résidence à Pétion-Ville, un faubourg de Port-au-Prince, où il a glissé son bulletin dans l’urne en compagnie de sa femme, la créatrice de mode Marie-Claudinette Jean.
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