
Le Canada est choqué après la mort d'une adolescente de 15 ans, Amanda Todd, qui s'est suicidée chez elle à Vancouver, mercredi dernier. Cinq semaines plus tôt, elle avait mis en ligne sur YouTube une vidéo dans laquelle elle évoquait trois ans de harcèlement, qui l'ont menée à abuser de drogues et d'alcool.
Dans cette vidéo en noir et blanc de neuf minutes, postée le 7 septembre et vue aujourd'hui près de 3,7 millions de fois (et plus de 8 millions de fois sur une copie faite par un internaute), la lycéenne et pom-pom girl racontait son histoire sans parler, le visage à demi hors-champ, faisant défiler une série de notes écrites à la main sur de petits cartons, en une accumulation glaçante de détails.
Elle disait avoir été conduite par un inconnu, à 12 ans, à montrer sa poitrine devant une webcam. L'inconnu avait diffusé ces images parmi ses amis. Un an plus tard, il les avait publiées sur une page Facebook dédiée, que ses proches et connaissances de collège avaient été invités à rejoindre. Amanda Todd racontait avoir changé plusieurs fois d'école, avoir été chaque fois rattrapée par cet homme, qui diffusait de nouveau les images. Dans son dernier lycée, elle disait s'être rapprochée d'un garçon. L'amourette avait dégénéré quand la petite amie du jeune homme avait découvert son existence. Amanda disait avoir été battue par la rivale et ses amis.
Elle avait avalé de l'eau de Javel, atterri à l'hôpital, changé encore d'école et se disait poursuivie par les amis de sa rivale sur Facebook. Elle s'est taillé les veines à plusieurs reprises, a abusé de drogues et est retournée à l'hôpital après une overdose. Elle achevait son récit en écrivant : "Je n'ai personne. J'ai besoin de quelqu'un. Mon nom est Amanda Todd."
La mort de la jeune fille a fait la "une" des quotidiens canadiens jeudi. Le mot clé "RIPAmanda" ("Repose en paix Amanda") circulait largement sur Twitter. Une page à sa mémoire sur Facebook rassemblait le jour même plus de 30 000 personnes. Selon le National Post, il y en avait plus de 15 dimanche, l'une rassemblant plus de 500 000 personnes. Des commentaires provocants, hostiles à l'adolescente, continuaient d'apparaître dans la masse. Lundi, pour lui rendre hommage, des milliers de personnes se sont habillées en rose. Jeudi prochain, des veillées aux chandelles sont organisées à travers le pays.
Sa mère a dit dimanche au Vancouver Sun qu'Amanda "aurait aimé qu'on évoque son histoire pour sauver d'autres filles. L'un de ses objectifs était que son message soit utile".
Des internautes se disant membres du groupe Anonymous ont identifié un homme de 32 ans, vivant dans l'agglomération de Vancouver, comme celui qui a harcelé la jeune fille durant trois ans, rapporte CBC News. Son nom a été publié. Les activistes affirment qu'il avait également posté des contenus sur des sites pédophiles. L'homme a depuis été menacé en ligne par des vengeurs pressés, selon la chaîne canadienne.
Une proposition de loi visant à "créer une stratégie nationale de prévention de l'intimidation" (harcèlement) a été débattue lundi au Parlement.
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