L’élue démocrate est prise pour cible par Donald Trump qui l'accuse de "détester l'Amérique". Défenseuse d'une politique de gauche, elle est jugée trop radicale dans son propre camp. Portrait.
Partisane de l'aile gauche du camp démocrate, musulmane et voilée, Ilhan Omar incarne une nouvelle génération de parlementaires américains. Accusée par Donald Trump de "détester l’Amérique", l’élue démocrate du Minnesota est cependant jugée trop radicale par les dirigeants de son propre parti.
"Je suis convaincue que c'est un fasciste", a lancé, jeudi 18 juillet, l’élue, en évoquant le président américain qui veut, selon elle, faire taire "le débat démocratique et les divergences d'opinion".
La veille, la foule d'un meeting a scandé "Renvoyez-la !" à l'évocation de son nom par le milliardaire, qui l'a accusée ces derniers jours de détester les États-Unis et l'a invitée à quitter le pays si elle n'y est pas heureuse.
Née en Somalie en 1981, Ilhan Omar fuit la guerre avec sa famille lorsqu'elle est enfant et passe quatre ans dans un camp de réfugiés au Kenya. Elle arrive aux États-Unis à 12 ans et sa famille s'installe dans le Minnesota, où vit une importante communauté de la Corne de l'Afrique.
Militante de la puissante association de défense des droits des Noirs (NAACP), puis engagée dans la vie locale de Minneapolis, elle est été élue en 2016 au Parlement de cet État industriel.
Elle fait partie de l'aile gauche du Parti démocrate, aux côtés de nouveaux élus qui prônent une éducation gratuite, dénoncent la discrimination raciale du système judiciaire et s'opposent à la politique migratoire restrictive de l'administration Trump. Élue en novembre 2018 à la Chambre des représentants à Washington, elle est la première musulmane à porter le voile au Congrès.
Lobbies pro-Israël et le 11-Septembre
Depuis son élection, la jeune élue s’est retrouvée au cœur de plusieurs polémiques. En février, elle est épinglée pour son soutien à la campagne internationale de boycott d'Israël, que certains partisans de l'État hébreu assimilent à une forme d'antisémitisme.
Puis elle affirme que le lobby pro-Israël Aipac finance les responsables politiques américains afin qu'ils soutiennent ce pays du Proche-Orient. Elle s'excuse pour ses propos... avant d'accuser les lobbies qui poussent les Américains à faire "allégeance à un pays étranger", dans une autre référence à l'Aipac. Beaucoup, dont de nombreux démocrates, dénoncent un stéréotype sur le manque de loyauté des juifs envers le pays où ils vivent.
En avril, le président l'accuse de minimiser la responsabilité d'Al-Qaïda dans les attentats du 11-Septembre. Il diffuse sur Twitter l'extrait d'un discours où elle évoque les atteintes aux droits de tous les musulmans après ces attentats parce que "certaines personnes avaient fait quelque chose".
La parlementaire, mariée et mère de trois enfants, fustige alors les "incitations à la violence" du magnat de l'immobilier, affirmant que les menaces de violences s'étaient multipliées depuis la publication de la vidéo.
Conditions de détention des migrants
Aux côtés de trois autres étoiles montantes du Parti démocrate, également issues de minorités - Alexandria Ocasio-Cortez, Ayanna Pressley et Rashida Tlaib – Ilhan Omar est engagée dans un nouveau bras de fer avec le président sur les conditions de détention des migrants arrêtés après avoir franchi illégalement la frontière sud.
"Notre pays est libre, magnifique et prospère. Si vous détestez notre pays, ou si vous n'êtes pas heureuses ici, vous pouvez partir !", leur a répondu Donald Trump, adepte de la surenchère.
Pour les quatre élues, les attaques récentes de Donald Trump visent à mobiliser sa base électorale et à détourner l'attention des problèmes de la population. "C'est l'agenda des nationalistes blancs", a fustigé Ilhan Omar, en dénonçant des "attaques ouvertement racistes".
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