Héros du cricket pakistanais au passé de jet-setteur, l'opposant Imran Khan a vu son parti remporter, jeudi, les élections législatives pakistanaises. Parfois comparé à Donald Trump pour son populisme, il ne fait pas l'unanimité.
Il a remporté "le match de sa vie". L'ancien champion de cricket Imran Khan a mené son parti – le mouvement Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) en tête des élections législatives au Pakistan, selon les résultats partiels annoncés jeudi 26 juillet par la commission électorale.
Si plusieurs formations ont dénoncé des irrégularités, le porte-parole du PTI, Fawad Chaudhry, a écrit dans un message sur Twitter : "Félicitations à la nation pour le renouveau du Pakistan ! Monsieur le Premier ministre Imran Khan".
PM in waiting pic.twitter.com/DoMuhqhY11
— Fawad Hussain (@fawadchaudhry) 26 juillet 2018
Pour emblème électoral lors de sa campagne, Imran Khan avait choisi une batte de cricket. Mais son passage des terrains de gazon au fauteuil de Premier ministre ne s'est pas fait en un jour.
It's once in generations opportunity that we have today, Pakistan. Come out and vote for a better tomorrow. Every vote counts and the fate of this country is in our hands. Vote for Change, Vote for Bat!#BallayPeThappa pic.twitter.com/V9bprcXeKf
— PTI (@PTIofficial) 25 juillet 2018
Si "Immy", comme l’appellent ses partisans, a consacré les deux dernières décennies de sa vie à la politique, il fut celui qui, en 1992, alors capitaine de l’équipe nationale de cricket, mena le Pakistan à sa première – et seule – victoire en Coupe de monde. Dans un pays où le cricket est roi, il est aussitôt devenu une légende.
When he met her the first time, he was the #cricket legend of #Pakistan. Is it now possible he'll be meeting her as the #PrimeMinister of Pakistan?#ImranKhan #QueenElizabethII#AbSirfImranKhan pic.twitter.com/6zgiZO7q7q
— Mahram Ullah (@MahramUlllah) 25 juillet 2018
Le meilleur joueur de l'histoire du cricket pakistanais, issu d’une riche famille pachtoune de Lahore, a ensuite mis longtemps à être pris au sérieux sur le plan politique. Son parti, le PTI, c'est-à-dire le "Mouvement pour la justice au Pakistan", fondé en 1996, a longtemps dû se contenter d'une poignée de sièges.
"Imran Khan't" en 2013
Imran Khan a beau avoir étudié dans les meilleures universités pakistanaises et être diplômé d'Oxford, ses années de playboy à faire la fête, bien entouré, dans les boîtes de nuit de Londres pèsent sur sa crédibilité.
Vintage @ImranKhanPTI & @wasimakramlive pic.twitter.com/mkVYZG2OKs
— ???? (@Iamifirdaus) 27 mars 2016
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Vintage @pepsi ad from the 80's starring @ImranKhanPTI #PepsiChoiceOfTheNewGengeration pic.twitter.com/9hlptg7vip
— Mohsin Tanveer (@MohsinTanveer10) 11 novembre 2015
Son mariage, en 1995, avec Jemima Goldsmith, une riche héritière anglaise, amie de Lady Diana, est couvert par la presse people du monde entier.
Imran khan on his wedding day with beautiful @Jemima_Khan looking amazingly handsome pic.twitter.com/w4CJm46BKV
— legendary Imran Khan (@IKthelegend) 4 novembre 2014
C’est lors de la campagne des élections législatives de 2013 que sa popularité explose : les classes moyennes se retrouvent dans son discours contre la corruption et il affiche son ambition de devenir Premier ministre. Mais ce n’est pas son heure : "Imran Khan’t" ("Imran ne peut pas"), raille une partie de la presse.
The latest issue - IMRAN KHAN'T - Out tomorrow! pic.twitter.com/02LKltPw98
— The Bradford Student (@thebradstudent) 10 février 2014
Lors de ce scrutin, Imran Khan ravit toutefois la province du Khyber Pakhtunkhwa (KP), dans le nord-ouest du pays, et se pose ainsi comme premier parti d'opposition à l'échelle nationale face au PML-N de Nawaz Sharif.
Cinq ans plus tard, Imran Khan est désormais la principale figure de l’opposition et un boulevard s’offre à lui : Nawaz Sharif, ex-leader du PML-N, au pouvoir depuis 2013, est derrière les barreaux. Destitué de manière controversée du poste de Premier ministre l'an dernier pour corruption et interdit de se présenter depuis, il a été remplacé à la tête du parti par son frère Shahbaz, un adversaire de moindre poids pour Imran Khan.
Son profil suscite l’engouement des Pakistanais, lassés de voir les mêmes leaders de partis traditionnels issus de grandes familles monopoliser le pouvoir depuis des décennies.
Bannu earlier today - and again an amazing crowd full of junoon for justice and Naya Pakistan. The wave grows bigger as we get closer to 25 July. pic.twitter.com/Q8hU0PE1pK
— Imran Khan (@ImranKhanPTI) 21 juillet 2018
La "marionnette" de l'armée ?
Surtout, même s’il s’en défend, il bénéficie du soutien de la puissante armée pakistanaise. "Il est leur marionnette. Il est là où il est grâce à l’armée et au ISI [le service de renseignement pakistanais, NDLR]", estime même, dans une interview accordée mardi au New York Times, C. Christine Fair, chercheuse à l'université de Georgetown, à Washington, et spécialiste du Pakistan.
Dépeint comme impulsif, ses tirades anti-establishment et ses sorties sur les réseaux sociaux lui ont parfois valu d’être comparé à Donald Trump. Un parallèle qu’il rejette complètement, lui qui surfe sur l’anti-américanisme.
Son programme pour le Pakistan ? L'avènement d'un "État-providence islamique". Car loin de son passé glamour de séducteur, Imran Khan affiche désormais un visage conservateur. Vivant "retiré" dans sa maison sur les hauteurs d’Islamabad, apparaissant régulièrement tout de blanc vêtu et chapelet à portée de main, il revendique être un musulman pieux et pratiquant.
Certains le surnomment "Taliban Khan" et l'attaquent pour ses appels répétés au dialogue avec des groupes insurgés violents et pour l'alliance - assumée - de son parti avec un religieux surnommé "père des Taliban", Sami ul Haq.
Loin des valeurs occidentales auxquelles il avait adhéré, il a récemment déclaré que le féminisme avait "dégradé le rôle de la mère".
Après son mariage de près de dix ans avec Jemima Goldsmith, avec laquelle il aura deux garçons, il a brièvement convolé avec une présentatrice télé, Reham Khan, avant d’épouser en troisièmes noces, début 2018, une femme présentée comme sa conseillère spirituelle, Bushra Wattoo. Sur les clichés pris lors de la cérémonie, la mariée portant un hijab blanc. Signe de conservatisme au Pakistan, un voile rouge dissimule son visage. Une évolution qui laisse apparaître son conservatisme grandissant.
#PTI confirms @ImranKhanPTI wedding . Congrats pic.twitter.com/vj9rI7f0q6
— Asma Shirazi (@asmashirazi) 18 février 2018
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