Le Premier ministre indien Narendra Modi a posé ce mercredi la première pierre d'un temple hindou controversé à Ayodhya (dans le nord de l'Inde), un geste politico-religieux fort et significatif pour ce site emblématique du nationalisme hindou et qui a empoisonné les relations intercommunautaires dans le pays.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi s'est déplacé ce mercredi 5 août 2020 à Ayodyah (dans l'État d'Uttar Pradesh, dans le nord du pays) pour poser la première pierre d'un temple hindou controversé. Une date qui n'a pas été choisie au hasard puisqu'il s'agit du premier anniversaire de la révocation de force de l'autonomie du Cachemire indien (région à majorité musulmane).
Avec le chantier d'un temple dédié au dieu Ram à Ayodhya et le changement de statut du Cachemire, le Premier ministre envoie ainsi deux signaux forts à son électorat de la construction en cours d'une patrie hindoue en Inde, s'éloignant de la nation laïque et multiconfessionnelle pensée à l'indépendance en 1947. La fin de l'autonomie du Cachemire indien étant une ancienne promesse des nationalistes hindous qu'il a amenés au pouvoir à New Delhi en 2014.
L'homme fort du géant d'Asie du Sud a participé en milieu de journée à une cérémonie religieuse sur le site afin de marquer le début du chantier du temple. Les hindous à travers l'Inde sont appelés à allumer des bougies pour célébrer l'événement.
Un dossier explosif
Serpent de mer de la politique indienne depuis plusieurs décennies, l'explosif dossier du temple d' Ayodhya a été tranché en novembre 2020 par la Cour suprême. Les juges ont octroyé ce site disputé à la majorité hindoue pour y construire un temple sur les ruines d'une mosquée détruite, et ordonné qu'un nouveau terrain plus loin soit donné à la minorité musulmane.
Des groupes hindous affirment que cette terre de 1,1 hectare située dans l'État d'Uttar Pradesh, est le lieu de naissance du dieu Ram et demandaient de longue date à y construire un temple à son honneur.
D'après eux, l'empereur musulman Babur y a bâti au XVIe siècle la mosquée Babri en rasant un temple ancien dédié à Ram, septième avatar du dieu préservateur de l'univers Vishnou.
Alimentée dans les années 1980 par les nationalistes hindous, à l'époque dans l'opposition, mais aujourd'hui au pouvoir, la campagne d'agitation autour d'Ayodhya avait culminé avec la destruction de la mosquée Babri par des zélotes hindous le 6 décembre 1992.
Plus de 2 000 personnes avaient péri dans les émeutes intercommunautaires qui avaient suivi, l'une des pires vagues de violences depuis la partition de l'empire colonial britannique en 1947.
Le début de la construction du temple de Ram "n'est pas qu'un nouveau temple, mais un signe que la structure constitutionnelle fondamentale de l'Inde est en train de changer", a déclaré à l'AFP l'intellectuel Pratap Bhanu Mehta.
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