Une maison de retraite évacuée, des opérations de dépollution, des sauvetages en hélicoptère, l'emmurement de stations de métro: l'exercice européen Sequana 2016 va répéter en grandeur nature du 7 au 18 mars, les manœuvres nécessaires en cas de crue majeure en Ile-de-France.
Le lancement des opérations se fera lundi matin à la Maison de la radio en présence du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et du préfet de police de Paris Michel Cadot. A partir de cet instant, le scénario prévoit une montée des eaux quotidienne de 50 cm pour atteindre plus de 8 mètres.
Au troisième jour, la cellule de crise est activée. Au fur et à mesure que l'eau monte, la situation s'aggrave: les transports sont perturbés, les rats fuient les sous-sols inondés, les hôpitaux ont les pieds dans l'eau...
L'opération se déroulera sur cinq départements franciliens avec 900 sauveteurs, 150 personnels des forces de police, 40 véhicules de sécurité civile dont 20 véhicules lourds, quatre hélicoptères. Quatre pays européens vont y participer: l'Italie, l'Espagne, la Belgique et la République Tchèque viendront sur place avec leurs propres moyens de secours.
Sequana mobilisera aussi 87 institutions et entreprises (Assistance publique-Hôpitaux de Paris, EDF, SNCF, opérateurs téléphoniques, Total, Veolia…).
La RATP va emmurer une station de métro pour empêcher l'eau d'y pénétrer. La radio France Bleu 107.1 diffusera des flashs d'information fictifs.
«Cet exercice va permettre de réexpliquer aux gens qu'il y a de fortes chances que cela arrive un jour et que collectivement il vaut mieux s'y préparer», explique le préfet Jean-Paul Kihl, secrétaire général de la zone de défense et de sécurité de Paris.
Le terme de «crue centennale» ne signifie effectivement pas que la crue revient tous les cent ans mais qu'il y a un risque sur cent chaque année de la subir.
- «Se tenir prêt à évacuer» -
«Une crue centennale sur le même niveau d'élévation du fleuve qu'en 1910, en Ile-de-France se traduirait par 500 km² de territoire sous l'eau, 830.000 habitants résidant en zone inondable et plusieurs millions d'habitants dont les conditions de vie seraient dégradées», selon le préfet de police Michel Cadot.
Quelque «435.000 logements seraient exposés à une telle crue», «dont plus de 48%» immergées dans plus d'un mètre d'eau, selon l'institut d'aménagement et d'urbanisme (IAU), qui a réalisé plusieurs étude sur les conséquences d'une crue centennale.
L'IAU estime qu'une telle crue impacterait environ 100.000 établissements (grandes entreprises, PME, PMI, commerces…) implantés dans la zone inondable et 750.000 emplois.
Les musées parisiens ne sont pas exemptés. «Aujourd'hui tous les musées ont des plans de mise à l'abri de leurs œuvres. On a beaucoup de musées qui seraient impactés: le Louvre, le musée d'Orsay, la Bibliothèque nationale... Tout cela fait partie de l'obligation de chacun de se préparer et en particulier les organismes publics», rappelle Jean-Paul Kihl. Le musée d'Orsay participe à l'exercice.
Le week-end des 12 et 13 mars, au pic de la crue, les exercices de terrain seront accompagnés d'informations au grand public. A Valenton (Val-de-Marne), une simulation d'évacuation d'une maison de retraite aura lieu, à Saint-Denis, des personnes seront évacuées par hélicoptère, à Limay (Yvelines) ce sera une opération de dépollution ou encore différents sauvetages au bassin de la Villette à Paris.
Puis l'eau redescendra peu à peu jusqu'au 18 mars date de la fin de l'exercice.
D'ores et déjà, la mairie de Paris donne quelques conseils aux particuliers sur le site www.paris.fr/crue: avoir des lampes électriques et une radio à piles, couper l'électricité et le gaz ou encore se tenir prêt à évacuer avec ses papiers d'identité à la demande des autorités.
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