Sept personnes ont été tuées samedi en Irak dans les manifestations contre le pouvoir en place. L'intervention musclée des forces de sécurité survient après un accord politique destiné à mettre fin aux protestations, y compris par la force.
Sept manifestants ont été tués samedi en Irak, où la capitale avait des airs de champ de bataille après un accord politique au plus haut niveau pour en finir avec la contestation "par tous les moyens".
Aux abords de la place Tahrir de Bagdad, quatre manifestants ont été tués, trois par balles et le quatrième par une grenade lacrymogène l'ayant touché au visage, selon des sources médicales et de sécurité. Plus tôt dans la journée, trois manifestants avaient été tués dans une dispersion à balles réelles à Bassora, ville du sud où les forces de l'ordre arrêtent désormais quiconque tente de sortir dans les rues.
Déclenchée le 1er octobre, la contestation réclame le départ de l'ensemble de la classe politique, inchangée depuis des années et jugée corrompue et incompétente.
L'intervention plus musclée des forces de sécurité survient à la suite d'un accord des principales forces politiques qui prévoit de mettre fin aux protestations, y compris par la force, pour maintenir le pouvoir en place.
Alors qu'un mouvement de désobéissance civile bloque depuis plusieurs jours écoles, administrations et infrastructures, cet accord pour un "retour à la vie normale" fait craindre davantage de violences.
En fin d'après-midi sur la place Tahrir, une médecin a affirmé à l'AFP entendre "des tirs à balles réelles" alors que "les forces de sécurité se rapprochent".
"Ils tirent à balles réelles !"
Dans les rues commerçantes du centre de la capitale, les manifestants s'époumonent : "Ils tirent à balles réelles !"
"Les forces de sécurité nous disent : 'C'est fini les manifestations, demain tout le monde retourne au travail', mais on a monté des barricades pour qu'elles n'entrent pas à Tahrir, demain personne n'ira au travail", lance un manifestant au milieu des tirs.
À Bassora, les forces de sécurité ont arrêté tous ceux qui tentaient de sortir dans les rues de la ville pétrolière, selon des témoins.
Conspué par les manifestants et un temps sur la sellette, le Premier ministre Adel Abdel Mahdi fait désormais consensus parmi partis et hommes politiques. Ceux qui avaient un temps poussé pour son départ, en tête desquels le versatile leader chiite Moqtada Sadr, ont fait volte-face notamment sous la pression de l'Iran voisin et de ses alliés à Bagdad.
Après plusieurs réunions ces derniers jours, les principales forces politiques se sont mises d'accord pour des réformes - bien loin des espoirs des manifestants qui veulent une nouvelle Constitution. Mais, surtout, elles ont convenu d'en finir avec la contestation, inédite par son caractère spontané, ont indiqué à l'AFP deux hauts responsables sous couvert d'anonymat.
À la suite d'appels sur les réseaux sociaux, les Irakiens ont manifesté du 1er au 6 octobre pour réclamer "la chute du régime". Le mouvement a été ensuite suspendu jusqu'au 24 octobre, le temps d'un important pèlerinage chiite.
Environ 300 personnes, en majorité des manifestants, ont été tuées et plus de 12 000 blessées, selon un bilan compilé par l'AFP.
Pour les centaines de manifestants sur Tahrir, la coupure d'internet depuis le début de la semaine fait redouter le pire. La première semaine d'octobre, dans un pays coupé du monde, 157 personnes sont mortes alors que des snipers déployés sur les toits semaient la terreur.
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