Faire fuir les Libanais vers le nord. Israël a l'intention de faire fuir des dizaines de milliers d'habitants du Liban sud vers le nord afin de faire pression sur le Hezbollah, a déclaré dimanche le ministre de la Sécurité intérieure israélien, Avi Dichter. "Des dizaines de milliers de Libanais qui fuiront vers le nord, cela va exercer les pressions nécessaires sur le Hezbollah", a affirmé M. Dichter à des journalistes lors d'un briefing. L'armée israélienne avait auparavant appelé la population du Liban sud à monter vers le nord, pour ouvrir la voie à une offensive d'envergure pour répondre au tirs de roquettes du Hezbollah.
Les bombardements se sont multipliés sur tout le sud Liban. Au moins dix civils ont été tués et plusieurs dizaines d'autres blessés dans le bombardement de la ville de Tyr par l'aviation. La plupart des victimes auraient péri dans une frappe contre un bâtiment utilisé par les membres de la protection civile. Six civils, dont trois enfants, ont également été tués dimanche soir et six autres blessés dans le bombardement aérien de Aïtaroun, un village libanais à la frontière avec Israël. L'aviation et la marine israéliennes se sont acharnées dimanche contre le "périmètre de sécurité" d'un km2, délimité par le Hezbollah pour assurer la sécurité de ses dirigeants dans la banlieue sud chiite de Beyrouth. Des dizaines d'immeubles et plusieurs ponts ont été détruits dans les raids. Au moins 136 civils ont été tués et plus de 330 blessés, depuis le lancement de l'offensive israélienne, selon un bilan de l'AFP.
Des milliers de civils, portant uniquement leurs enfants, affluaient à pieds vers la ville de Tyr, au Liban sud, fuyant les bombardements, après qu'Israël eut sommé les habitants des villages frontaliers de partir. "Depuis samedi soir, 15 000 réfugiés sont arrivés à Tyr", a déclaré à l'AFP un responsable du conseil municipal de la ville côtière, Ahmad Zaraqet.
Dans la matinée, l'aviation israélienne avait multiplié les raids contre des objectifs présentés comme des bastions du Hezbollah : médias, permanences, bâtiments administratifs et faubourgs au sud de Beyrouth. Le bilan humain, encore incertain, pourrait être d'une dizaine de morts. La rumeur a brièvement courru que le leader du mouvement chiite, le cheikh aurait été blessé, une information vite démentie.
Plus de "ligne rouge" pour le Hezbollah. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a menacé dimanche d'utiliser "tous les moyens" dans la confrontation avec Israël. "Puisque l'ennemi n'a plus de ligne rouge, nous n'avons plus de ligne rouge non plus", a-t-il ajouté. Le chef du Hezbollah a prédit "la défaite" d'Israël. Le bombardement de Haïfa "n'est que le début", a-t-il affirmé, ajoutant : "Nous continuerons. Nous en aurons encore beaucoup plus et nous n'en sommes qu'au début".
Deux exigences israéliennes pour un cessez-le-feu. Un cessez-le-feu pourrait intervenir "dans les 24 heures" entre le Hezbollah et Israël, grâce aux efforts d'une tierce partie, a déclaré dimanche le président du Parlement libanais Nabih Berri. "Il existe une opportunité pour obtenir un cessez-le-feu" via une tierce partie. A défaut d'un tel cessez-le-feu dans les 24 heures, "toute la région du Proche-Orient sera en danger", a prévenu le président pro-syrien du Parlement. Selon lui, "une tierce partie" qu'il n'a pas nommée pourrait superviser "un échange de prisonniers". Selon l'agence Reuters, le gouvernement italien jouerait le rôle d'intermédiaire entre Israël et le gouvernement libanais. Dans un communiqué, le gouvernement libanais précise qu'Israël réclame la libération des deux soldats capturés la semaine dernière par des miliciens du mouvement chiite libanais et le retrait du Hezbollah de la zone frontalière au-delà du fleuve Litani, à une vingtaine de kilomètres au nord de la frontière." Romano Prodi m'a dit que le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, l'avait informé de deux exigences pour un cessez-le-feu : la remise des deux soldats israéliens captifs et un retrait du Hezbollah au-delà du fleuve Litani", a déclaré Fouad Siniora à ses ministres.
Une délégation de l'ONU, dépêchée par son secrétaire général Kofi Annan, est arrivée à Beyrouth pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu.
Par ailleurs, le Haut représentant de l'Union européenne (UE) pour la politique extérieure, Javier Solana, est arrivé dimanche au Liban. Le haut diplomate de l'Union européenne avait initialement espéré partir samedi mais a dû retarder son voyage en raison de l'intensité des bombardements. Il doit rencontrer à Beyrouth le premier ministre libanais Fouad Siniora et le président du Parlement Nabih Berri.
"Peu importe d'où ils tirent". Le ministre israélien de la défense, Amir Peretz, dirigeant du parti travailliste, a réaffirmé que l'armée n'hésiterait pas à attaquer toute base de tirs de roquettes du Hezbollah. "Peu importe d'où ils tirent, ils doivent savoir qu'ils seront touchés. Une source de tir identifiée sera frappée, peu importe où elle se trouve", a-t-il déclaré. "Ils pensaient qu'en lançant des roquettes là où il y a des familles nous ne réagirions pas", a-t-il ajouté en estimant que le Hezbollah avait été "très surpris". Le ministre faisait ainsi allusion à la possibilité de frappes sur des sites de lancement du Hezbollah où se trouveraient également des civils. "Nous avons attaqué le quartier général du Hezbollah, ce qui n'avait jamais été fait par le passé", a-t-il aussi souligné. Par ailleurs, il a estimé qu'Israël ne voulait pas se "réinstaller au Liban". "Nous n'avons aucune intention de nous enliser dans le bourbier libanais", a-t-il ajouté, répétant ainsi des déclarations de la plupart des dirigeants israéliens depuis le début de l'offensive.
Huit morts à Haïfa. Suite à l'intensification des frappes contre ses quartiers à Beyrouth dans la matinée, le Hezbollah a tiré une salve de roquettes sur la région de Haïfa qui a causé la mort de huit personnes parmi la population. "C'est la pire attaque jamais lancée depuis le Liban", a indiqué le porte-parole du gouvernement Avi Pazner qui a qualifié les bombardements sur Haïfa d'"escalade extrêmement sérieuse de la part du Hezbollah". D'autres chutes de roquettes ont également été signalées dans le nord-ouest d'Israël faisant des blessés et des dégâts. Haïfa (275 000 habitants) est la troisième ville d'Israël et la plus grande zone industrielle du pays où siègent toutes les industries pétrochimiques israéliennes. Les installations de produits toxiques, qui n'ont pas été touchées, sont toutefois en cours d'évacuation vers le sud, a annoncé un haut responsable du ministère israélien de l'environnement.
Alerte à Tel-Aviv. Peu après cette attaque, la défense passive israélienne a annoncé avoir donné des instructions à la population de Tel Aviv en vue d'une éventuelle chute de roquettes du Hezbollah dans ce secteur du centre du pays. "Nous demandons à la population de Tel Aviv et du nord de cette région de faire preuve d'une prudence accrue, de se réfugier dans des abris ou dans des pièces sans fenêtre", a-t-on indiqué dans un communiqué qui recommande par ailleurs de ne pas rester dans les rues en cas d'alerte.
Menace de risposte syrienne. L'Iran puis la Syrie sont successivement montés au créneau pour menacer l'Etat hébreu de représailles en cas d'extension du conflit. "Toute attaque israélienne contre la Syrie suscitera une réponse syrienne ferme, directe, illimitée, et par tous les moyens", a affirmé le ministre syrien de l'information, Mohsen Bilal cité par l'agence officielle SANA, dans une première réaction officielle de Damas, depuis le début des hostilités au Liban. L'Iran de son côté déclarait se tenir "aux côtés du peuple syrien", avertissant qu'Israël aurait des "pertes inimaginables s'il attaquait la Syrie.
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Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:36 PM)Participer à la Discussion