Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, se rend mercredi à Washington, dans un climat tendu, pour tenter d'empêcher une guerre commerciale totale avec Donald Trump. La mission est particulièrement délicate pour le chef de l'exécutif européen, l'imprévisible président américain ayant carrément qualifié il y a une semaine l'Union européenne d'"ennemie", l'accusant de "profiter" des Etats-Unis d'un "point de vue commercial".
La Maison Blanche menace de droits de douane les importations de voitures européennes, ce qui engendrerait forcément une riposte de Bruxelles si celles-ci entraient en vigueur. "Nous nous rendons là-bas avec les meilleures intentions", dans l'espoir d'"une désescalade", a récemment insisté la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, qui accompagnera M. Juncker à Washington.
"C'est une autre occasion de dédramatiser toute tension potentielle sur le commerce et d'engager un dialogue ouvert, constructif avec nos partenaires américains", a estimé lundi le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas, au cours du point presse quotidien. M. Juncker sera reçu à 13H30 à la Maison Blanche avant de prononcer un discours à 16H00 devant un influent cercle de politique étrangère, le Center for Strategic and International Studies (CSIS).
Le ton monte Le ton est pourtant encore monté après que Washington a infligé en juin des droits de douane punitifs sur l'acier et l'aluminium européens, une décision qui a davantage plombé les relations transatlantiques déjà endommagées par le retrait américain de l'Accord de Paris sur le climat et de celui sur le nucléaire iranien.
Les Européens ont en effet contre-attaqué le 22 juin en taxant des produits américains emblématiques, comme les jeans, les motos Harley-Davidson et le beurre de cacahuète, afin de compenser à hauteur de 2,8 milliards d'euros les dommages causés à leur industrie. "Répondre aux provocations" Au cas où Trump passerait à l'action sur les automobiles, Bruxelles est déjà en train de préparer une nouvelle liste de produits américains susceptibles d'être soumis à des droits de douane.
"Nous continuerons à répondre aux provocations", a prévenu M. Juncker, dans un discours la semaine dernière, jurant que "toutes les tentatives de diviser les Européens étaient vaines". La Commission européenne est responsable en matière de politique commerciale pour les 28 pays de l'Union. M. Juncker se rend aux Etats-Unis avec le ferme appui de la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays est spécifiquement dans le collimateur de Donald Trump en raison, notamment, de son fort excédent commercial.
L'espoir de Merkel Vendredi, avant de partir en vacances, Mme Merkel a exprimé l'espoir de voir le Luxembourgeois, un vieux routier de la politique européenne, négocier une solution avec Donald Trump et stopper l'escalade. "Des représailles aux droits de douane américains" seraient "la plus mauvaise solution", a-t-elle reconnu, jugeant "très préoccupant" l'état des relations commerciales transatlantiques.
Les droits de douane sur les automobiles violeraient non seulement les règles de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), mais pourraient aussi, a martelé la chancelière, "mettre en danger la prospérité de nombreuses personnes dans le monde". Inquiétudes L'offensive protectionniste de M. Trump sur les voitures inquiète particulièrement l'Allemagne, où ce secteur clé emploie 800.000 personnes.
Mais les perspectives d'une paix commerciale paraissent des plus minces après la réunion du G20 samedi, au cours de laquelle le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, un proche du locataire de la Maison Blanche, a déclaré que Washington exigerait un vaste accord commercial avec l'UE pour renoncer à ses menaces tarifaires.
"Si l'Europe croit au libre-échange, nous sommes prêts à signer un accord sans droits de douane, sans obstacles non tarifaires aux échanges (soit toutes les mesures mises en place par les Etats, comme les quotas, certaines normes de productions, limitant de facto les importations, NDLR) et sans subventions", a spécifié M. Mnuchin, pendant les discussions en Argentine.
Ce à quoi le ministre français des Finances, Bruno Le Maire a répondu: "Nous refusons de négocier avec un revolver sur notre tempe", en réclamant à nouveau que le président Trump retire d'abord les droits de douane sur l'acier et l'aluminium et cesse ses menaces sur les voitures.
S'inscrivant à contre-courant du protectionnisme américain, M. Juncker a signé la semaine dernière à Tokyo le plus grand accord commercial jamais conclu par l'UE, avec le Japon, et a profité du sommet annuel Chine-UE pour resserrer les rangs avec Pékin, autre cible de l'ire de Donald Trump.
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Anonyme
En Juillet, 2018 (14:07 PM)Anonyme
En Juillet, 2018 (14:07 PM)Participer à la Discussion