KENYA - 1 janvier 2008 - AFP - Le Kenya a vécu dans la nuit de lundi à mardi une nouvelle nuit d' émeutes et de violences inter-ethniques qui ont fait 259 morts depuis les élections du 27 décembre, suscitant l'inquiétude de la communauté internationale sur l'avenir d'un pays considéré comme un havre de stabilité.
Au moins 66 cadavres ont été découverts mardi matin après une nuit de violences, selon la police et la morgue de Kisumu (ouest).
Quarante-huit cadavres, la plupart présentant des blessures par balles, ont été apportés dans la nuit à la morgue de Kisumu, troisième ville du pays et fief du chef de l'opposition Raila Odinga, qui a rejeté la victoire du président sortant Mwai Kibaki à la présidentielle du 27 décembre, a déclaré à l'AFP un employé de la morgue sous couvert de l'anonymat.
"On a amené 48 corps, dont trois enfants. 44 avaient des blessures par balles récentes, 4 avaient été frappés à la machette", a-t-il précisé.
A Kisumu, ville la plus touchée par les émeutes et où la police paramilitaire est massivement déployée, au moins 101 personnes ont été tuées lors d'opérations des forces de sécurité et d'affrontements entre groupes rivaux depuis dimanche.
Un couvre-feu a été imposé à Kisumu de 06H00 à 18H00 et la police "a reçu l'ordre d'abattre" ceux qui ne le respecteraient pas, avait indiqué lundi un haut responsable de la police.
Au moins 18 personnes ont également été tuées pendant la nuit dans une autre ville de l'ouest du pays, Eldoret, et dans ses environs, selon la police.
Les nouvelles victimes de la nuit portent à 259 le nombre de morts dans les violences qui secouent le Kenya depuis les élections générales du 27 décembre, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources policières et de la morgue de Kisumu.
Ces violences à caractère politique sont les pires dans le pays depuis une tentative de coup d'Etat avortée en 1982.
Quelques minutes après l'annonce de la victoire de M. Kibaki dimanche, des émeutes meurtrières avaient éclaté dans les fiefs du candidat de l'opposition Raila Odinga, à Kibera, plus grand bidonville de Nairobi, et dans plusieurs villes de l'Ouest.
Comme à Kisumu, des violences se sont déroulées dans la nuit dans le plus grand bidonville de Nairobi, Kibera, dont M. Odinga est le député. Le bilan de ces violences n'était pas connu mardi matin.
Dans un communiqué de voeux de fin d'année, le président réélu a affiché lundi sa détermination d'enrayer les violences "avec fermeté".
Selon des sources sécuritaires kényanes, le gouvernement a engagé jusque présent moins de la moitié des effectifs de la police paramilitaire (GSU) sur le terrain.
M. Odinga avait accusé dimanche soir le président sortant de fraude sur au moins 300.000 voix. L'écart officiel entre les deux candidats est de 231.728 voix. Le camp de M. Kibaki a démenti toute fraude, accusant en retour l'opposition d'avoir triché.
Le déroulement de ces élections a suscité de vives critiques internationales. Faisant écho au critiques européennes, les Etats-Unis qui avaient dans un premier temps félicité dimanche M. Kikabi pour sa réélection, se sont déclarés lundi "très inquiets" du déroulement du scrutin, allant jusqu'à retirer leurs félicitations au chef de l'Etat kényan.
A Londres, le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband s'est déclaré "atterré" par ces violences, appelant les leaders politiques du pays au dialogue, alors que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déploré les pertes en vies humaines et exhorté les forces de sécurité à la retenue.
Les capitales européennes, mais aussi Washington et Ottawa, ont également déconseillé lundi les départs vers le Kenya, destination touristique prisée pour ses parcs animaliers et ses plages de sable fin.
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