CONAKRY (AFP) — L'armée guinéenne est en état d'alerte depuis la découverte de troupes massées aux frontières avec le Sénégal, la Guinée-Bissau et le Liberia "prêtes à attaquer" la Guinée, a annoncé dimanche la junte au pouvoir dans un communiqué lu à la radio et la télévision d'Etat.
"Selon des informations dignes de foi, des troupes massées le long des frontières Nord (Guinée-Bissau et Casamance) et Sud (Liberia) seraient prêtes à attaquer la Guinée", a indiqué le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), la junte au pouvoir.
"Le ministre de la Défense nationale (le général de brigade Sékouba Konaté) a mis les troupes (guinéennes) le long des frontières, en état alerte", est-il indiqué dans le communiqué.
Le CNDD "informe les pays concernés que si de tels actes se produisaient sur leurs territoires respectifs, l'armée guinéenne se réserverait le droit de poursuite jusqu'à l'intérieur" de leurs frontières.
Selon la junte guinéenne, "ces troupes seraient financées par les narcotrafiquants qui ont fui le territoire guinéen pour échapper aux arrestations et poursuites".
Aucune précision n'a été apportée sur l'identité de ces "narcotrafiquants" alors que la junte guinéenne avait présenté "le combat contre le trafic de cocaïne" comme l'une des priorités nationales.
Une vingtaine de personnes dont de nombreux haut gradés de l'armée sont détenus depuis janvier ou février en Guinée pour "complicité de trafic de drogue".
Parmi ces personnes figurent l'ancien chef d'état-major de l'armée, le général Diarra Camara, l'ancien directeur général des services de police, Sékou Mohamed Bangoura, un ancien chef d'état-major général de la marine, le contre-amiral Ali Daffé, et le commandant Ousmane Conté, fils du défunt président Lansana Conté.
L'Afrique de l'Ouest est un point de transit important dans le trafic de cocaïne d'Amérique latine vers les marchés européens, selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
L'organisme avait cependant récemment fait état d'une baisse du trafic dans cette région.
Des responsables de la société civile, des syndicats et des hommes politiques guinéens, interrogés par l'AFP, ont indiqué ne pas croire à cette menace d'attaque.
"C'est une forme de diversion qui ne trompe personne", a estimé un responsable de la société civile sous couvert de l'anonymat.
"Les Guinéens ne sont pas dupes. Aucun pays ne peut aujourd'hui abriter des mercenaires pour attaquer un pays voisin de la sous-région", a renchéri un responsable syndical.
"Le CNDD veut justifier son maintien au pouvoir au lieu d'aller à des élections", a pour sa part indiqué un responsable politique opposé à la junte.
La junte a prévu d'organiser des élections législatives en octobre et présidentielle en décembre.
Le CNDD, dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara, président autoproclamé de la Guinée, a pris le pouvoir le 23 décembre, peu après l'annonce du décès du général-président Lansana Conté qui régnait sans partage sur le pays depuis 24 ans.
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