L’hôpital de Reims a interrompu lundi, comme il l’avait annoncé, les soins qui étaient dispensés à Vincent Lambert, un patient tétraplégique en état végétatif depuis onze ans, a-t-on appris auprès de Me Laurent Pettiti, l’avocat de son épouse. L’alimentation et l’hydratation artificielle dont bénéficiait l’ancien infirmier psychiatrique, devenu un symbole du débat sur la fin de vie, devaient être arrêtées et, parallèlement, des sédatifs devaient lui être administrés.
Ce processus, qui intervient après des années de bataille judiciaire, pourrait conduire à la mort de Vincent Lambert d’ici quelques jours. Le sort cet homme de 42 ans, victime en 2008 d’un accident de la route, déchire la famille entre ses parents notamment, proches des milieux catholiques traditionalistes, qui refusent l’arrêt des soins, et, de l’autre côté, son épouse, cinq de ses frères et soeurs et un neveu qui veulent qu’on le laisse mourir, conformément à ce qu’étaient, selon eux, ses valeurs.
Les parents, qui dénoncent une euthanasie déguisée, ont participé dimanche à une manifestation devant l’établissement où est hospitalisé leur fils. Le Conseil d’Etat et la Cour européenne des droits de l’homme les ont déboutés à deux reprises en considérant que la poursuite des soins relevait d’une “obstination déraisonnable”, au sens de la loi sur la fin de vie de 2005, dite loi Leonetti.
Les deux cours ont également estimé que la procédure légale, qui exige une décision collégiale du corps médical, avait été respectée. A l’origine familial et judiciaire, le débat a également pris un tour politique. Les têtes de liste des Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, respectivement François-Xavier Bellamy et Jordan Bardella, ont pris publiquement le parti des parents.
“Je suis par principe attaché à la dignité humaine et je vais vous donner ma conviction personnelle : cette décision de justice, elle me choque”, a déclaré ce dernier lundi, sur RTL, appelant Emmanuel Macron à se prononcer sur le sujet. A l’inverse, Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique, a jugé sur CNEWS qu’il fallait “faire confiance” aux médecins et à la justice. L’ex-député LR Jean Leonetti a déclaré dimanche que l’arrêt des soins s’inscrivait bien dans le cadre de la loi dont il est l’artisan.
Gilbert Reilhac, avec Simon Carraud à Paris et Anthony Paone à Reims, édité par Yves Clarisse
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