L'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, incarcéré depuis avril, a été condamné mercredi à 12 ans et 11 mois de réclusion pour corruption et blanchiment dans le cadre d'une deuxième affaire judiciaire, a annoncé un tribunal.
Le couperet de la justice est tombé de nouveau pour l'ex-président brésilien Lula, figure historique de la gauche brésilienne en prison depuis l'an dernier. Luiz Inacio Lula da Silva a été condamné, mercredi 6 février, à 12 ans et 11 mois de réclusion pour corruption et blanchiment, a annoncé un tribunal.
Lula, qui a présidé la plus grande puissance d'Amérique latine de 2003 à 2010, purge déjà une peine de 12 ans et un mois de prison à Curitiba, dans le sud du pays, pour corruption et blanchiment d'argent.
Un spécialiste de droit pénal a confirmé à l'AFP que ces deux peines pouvaient être cumulées, à partir du moment où elles ne totalisent pas 30 ans de réclusion, le maximum au Brésil.
"L'accusé a reçu des avantages"
Cette nouvelle condamnation porte sur des travaux financés par deux groupes de BTP pour le compte de l'ex-président dans une propriété rurale à Atibaia, dans l'État de Sao Paulo (sud-est).
Ces travaux auraient été effectués en échange de contrats avec le groupe étatique pétrolier Petrobras. D'après les enquêteurs, le montant de la rénovation s'élève à plus d'un million de réais (environ 237 000 euros).
Lula a toujours réfuté ces accusations, assurant que la ferme d'Atibaia ne lui appartenait pas et qu'elle était enregistrée au nom d'un de ses proches, Fernando Bittar.
Cette version n'a pas convaincu la juge Gabriela Hardt, qui a décidé de cette nouvelle condamnation.
"C'est un fait que la famille de l'ex-président Lula fréquentait cette ferme de façon assidue, comme si elle en était la propriétaire. En 2014, Fernando Bittar a affirmé que sa famille ne la fréquentait plus avec la même assiduité, et qu'elle était plus utilisée par la famille de Lula", a expliqué la magistrate.
"L'accusé a reçu des avantages indus en raison de sa fonction de président de la République, dont on exige un comportement exemplaire", a-t-elle ajouté.
Complot
Gabriela Hardt a repris en main les dossiers de l'enquête tentaculaire anticorruption dite "Lava jato" en fin d'année dernière, après la nomination du juge emblématique Sergio Moro au ministère de la Justice du président d'extrême droite Jair Bolsonaro.
En juillet 2017, c'est Sergio Moro qui a condamné Lula pour la première fois, à 9 ans et 6 mois de réclusion, une peine alourdie en appel à 12 ans et un mois.
Cette autre affaire portait sur un appartement en bord de mer que Lula aurait reçu en guise de pot de vin de la part du groupe de BTP OAS, également en échange de faveurs pour l'obtention de marchés publics liés à Petrobras.
Lula nie toute malversation et se dit victime d'un complot pour l'empêcher de revenir au pouvoir. Il était longtemps donné comme favori de la présidentielle d'octobre dernier, avant d'être déclaré inéligible un mois avant.
"Qu'il pourisse en prison"
Jair Bolsonaro, qui a battu le remplaçant de Lula, Fernando Haddad, au second tour de ce scrutin, avait affirmé durant la campagne qu'il espérait que l'ex-président de gauche "pourrisse en prison". Il a rapidement tweeté l'annonce de la nouvelle condamnation de Lula mercredi.
Gleisi Hoffmann, présidente du Parti des travailleurs (PT), fondé par l'ex-président de gauche dans les années 1980, a déclaré sur Twitter : "La persécution de Lula continue". "Dans la mémoire du peuple, il sera toujours plus grand que ses bourreaux", a-t-elle ajouté.
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