L'idéologue et numéro deux des Khmers rouges Nuon Chea est mort dimanche à l’age de 93 ans. Il avait été reconnu coupable par la justice cambodgienne de "crimes contre l'humanité" et "génocide".
L’une des figures emblématiques des Khmers Rouges, Nuon Chea, considéré comme l’idéologue du régime cambodgien meurtrier de la fin des années 70 est mort, dimanche 4 août, à l’âge de 93 ans. Son décès a été confirmé par le porte-parole du tribunal cambodgiendevant lequel il avait été condamné pour "génocide" et "crimes contre l'humanité".
Ancien responsable militaire, Nuon Chea était le numéro deux des Khmers rouges, dirigés par Pol Pot, dont le régime fit quelque deux millions de morts entre 1975 et 1979.
En 2014, il avait été condamné à la prison à perpétuité pour "crimes contre l'humanité", une peine confirmée en 2016 en appel.
Il avait également été reconnu coupable en 2018 de "génocide" à l'encontre de Vietnamiens, de membres de la communauté des Chams et d'autres minorités religieuses. Ce chef d'accusation ne concernait pas les massacres, fussent-ils de masse, des Khmers par les Khmers qui ne sont pas considérés par les Nations unies comme un génocide.
Né le 7 juillet 1926 dans la province de Battambang (nord-ouest), Nuon Chea avait étudié le droit à la prestigieuse université de Thammasat à Bangkok, en Thaïlande, de 1941 à 1948.
Il avait adhéré au mouvement de jeunesse du Parti communiste thaïlandais, puis rejoint le Cambodge, où il avait intégré la résistance contre la puissance coloniale française. Il avait alors aidé à organiser, avec Pol Pot, mort en 1998, le futur Parti communiste du Kampuchéa.
Numéro deux du commandement militaire des Khmers rouges de 1970 à 1975, il est aussi son commissaire politique en chef, chargé, à partir de leur prise de pouvoir en 1975, de traquer les ennemis de la révolution.
Considéré comme une personnalité très secrète, il apparait, d'après les documents que laissera le régime à sa chute, "au cœur du système de purge", relève Solomon Kane, auteur d'un "Dictionnaire des Khmers rouges".
Nuon Chea est "impliqué dans divers assassinats" et a joué "un rôle de premier plan dans le meurtre des intellectuels".
Détruire les "ennemis du peuple"
Nuon Chea s'était rendu aux autorités cambodgiennes en 1998 dans le cadre d'un accord qui avait mis fin aux activités des Khmers rouges.
Il avait pour autant continué à vivre librement pendant près de dix ans dans la région de Pailin (nord-ouest), dans une petite maison en bois avec son épouse, tout près de la frontière thaïlandaise.
Il avait finalement été arrêté fin 2007, non sans avoir fait des aveux, qu'il ne répètera pas au tribunal, devant la caméra du journaliste cambodgien Thet Sambath.
Dans "Enemies of the people" ("Ennemis du peuple") sorti en 2009, Nuon Chea raconte ainsi calmement pourquoi les Khmers rouges avaient exécuté les "criminels" impossibles à "rééduquer".
"Ils ont été tués et détruits. Si nous les avions laissés vivre, la ligne du parti aurait été détournée. Ils étaient des ennemis du peuple".
Une confession d'un sang-froid effrayant avait été diffusée lors de l'audience en 2011, devant un Nuon Chea qui n'avait pas bronché.
"Les crimes qu'il a commis doivent demeurer une leçon pour nous tous dans le futur", a relevé auprès de l'AFP Youk Chhang, directeur du Centre de Documentation du Cambodge, un organisme de recherche qui a fourni de nombreuses preuves au tribunal.
1 Commentaires
Participer à la Discussion