Amnesty International a annoncé, lundi, que la répression des manifestations en Iran contre la hausse du prix des carburants avait fait au moins 143 morts depuis le 15 novembre. À Téhéran, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi pour exprimer leur soutien aux autorités.
Au moins 143 morts. Amnesty International a revu à la hausse, lundi 25 novembre, son bilan de la contestation en Iran, évoquant "une attaque épouvantable contre la vie humaine", le jour où une foule importante rassemblée à Téhéran à l'appel des autorités a dénoncé ces "émeutes".
Le pouvoir en Iran a affirmé la semaine dernière avoir ramené le calme après des manifestations de colère et de violences, déclenchées le 15 novembre par l'annonce d'une hausse du prix de l'essence, en pleine crise économique due au rétablissement des sanctions américaines contre Téhéran.
Les autorités ont annoncé cinq décès et accusé les "ennemis" de l'Iran à l'étranger d'être à l'origine des troubles qui ont duré quelques jours.
"La communauté internationale doit dénoncer l'usage intentionnel de la force létale par les forces de sécurité iraniennes ayant conduit au meurtre d'au moins 143 manifestants dans les rassemblements ayant éclaté le 15 novembre", a affirmé Amnesty International dans un communiqué.
L'ONG de défense des droits humains dénonce "une attaque épouvantable contre la vie humaine", ajoutant "penser que le bilan est bien plus lourd" et que son enquête continue.
Dans son communiqué, Amnesty indique que "les morts ont presque toutes été provoquées par l'usage d'armes à feu". Selon elle, des vidéos montrent que les forces de sécurité ont tiré "intentionnellement" contre des manifestants qui ne les menaçaient pas, voire "s'enfuyaient en courant". Elle ajoute que les autorités ont dans certains cas refusé de rendre les corps des victimes à leur famille".
Manifestation de soutien au gouvernement
Plusieurs centaines de personnes, selon Reuters, se sont par ailleurs rassemblées lundi à Téhéran pour exprimer leur soutien aux autorités et condamner "les émeutes américano-sionistes". "À bas l'Amérique", "À bas Israël", "À bas les séditieux", ont scandé les manifestants.
Composée de femmes en tchador, d'hommes en civil ou de clercs chiites enturbannés, jeunes et moins jeunes, la foule qui brandissait des drapeaux iraniens ou des portraits de l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, débordait sur les avenues menant à la place.
Sans donner d'estimation précise, plusieurs agences iraniennes ont qualifié de "grand rassemblement populaire" la manifestation qui s'est dispersée en fin d'après-midi.
Outre les ennemis américain et israélien, Téhéran accuse aussi des partisans de la monarchie renversée il y a 40 ans par la Révolution islamique, ainsi que les Moudjahidine du peuple iranien, groupe d'opposition en exil qualifié de secte "terroriste" par Téhéran, d'être responsables de l'agitation.
Avant le rassemblement à Téhéran, le ministère iranien des Affaires étrangères avait condamné "l'ingérence de pays étrangers". "Nous recommandons [à ces pays] de regarder les rassemblements qui ont lieu ces jours-ci dans notre pays afin qu'ils prennent conscience de ce qu'est le peuple véritable" d'Iran, a-t-il dit, faisant référence aux manifestations – "spontanées" selon les autorités – ayant eu lieu dans plusieurs villes ces derniers jours pour dénoncer les "émeutes".
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