Le parlement roumain a interdit les études de genre dans les écoles et universités, s'attirant mercredi de vives critiques sur les réseaux sociaux et dans le milieu académique qui dénonce une dérive "illibérale" rappelant la Hongrie du Premier ministre nationaliste Viktor Orban.
"Nous sommes stupéfaits (...) qu'une théorie académique puisse être interdite par la loi", a lancé dans un communiqué l'Université Babes-Bolyai (UBB) de Cluj, la deuxième plus grande du pays. Les études de genre forment un champ de recherche interdisciplinaire sur les rapports sociaux entre les sexes. "Les cours sur l'identité de genre et l'égalité de chances seront interdits, en violation de l'autonomie universitaire", s'est insurgé le sénateur de centre droit et professeur à l'Université de Bucarest Vlad Alexandrescu. "La Roumanie s'aligne sur des positions promues par la Hongrie et la Pologne, devenant un régime qui introduit la police de la pensée", a-t-il martelé.
Selon un amendement à la loi sur l'éducation nationale déposé par un théologien et sénateur d'un petit parti de centre droit, le PMP, et voté mardi, "sont interdites les activités propageant la théorie ou des opinions sur l'identité de genre en vertu desquelles le genre est un concept différent du sexe biologique et les deux ne sont pas toujours identiques". Ce texte, qui a déjà été adopté par les députés grâce notamment aux voix des sociaux-démocrates toujours majoritaires bien que dans l'opposition, doit être promulgué par le président de centre droit Klaus Iohannis pour entrer en vigueur.
Une pétition en ligne
Plusieurs ONG et associations d'élèves et d'étudiants, appuyées par une pétition en ligne ayant recueilli plus de 16.000 signatures en quelques heures, ont exhorté M. Iohannis à ne pas entériner cette interdiction qui "enfreint les obligations assumées par la Roumanie" auprès d'organismes internationaux. Ce vote intervient après l'élimination par les élus d'un texte autorisant les écoles à introduire des cours d'éducation sexuelle. Ces derniers ont expliqué leur décision par le souhait de "préserver l'innocence des enfants", dans un pays membre de l'UE qui enregistre le plus fort taux d'accouchements de mineures, selon un rapport d'Eurostat datant de 2019.
Avant la Roumanie, la Hongrie voisine avait interdit les études de genre en 2018. Le mois dernier Budapest a également interdit l'inscription du changement de sexe à l'état civil et la reconnaissance juridique de l'identité de genre des personnes transgenres, malgré de nombreuses protestations internationales.
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