Le départ de Sylvie Goulard rebat les cartes d'un remaniement gouvernemental qui était annoncé comme technique et accentue la pression sur les deux autres ministres issus du MoDem, parti visé depuis début juin par une enquête judiciaire. La ministre sortante des Armées, qui a fait mardi cette annonce surprise par voie de communiqué, a expliqué vouloir être "en mesure de démontrer librement [sa] bonne foi" dans le cas où l'enquête préliminaire visant le MoDem se pencherait sur les conditions d'emploi de ses assistants parlementaires.
"La mission de défense impose une exigence particulière. L’honneur de nos armées, celui des hommes et des femmes qui y servent, parfois au péril de leur vie, ne sauraient être mêlés à des polémiques auxquelles ils n’ont aucune part", souligne l'ancienne eurodéputée MoDem. Sylvie Goulard qui, comme tous ses collègues, n'était techniquement plus ministre depuis la démission du gouvernement d'Edouard Philippe lundi à la suite des élections législatives, a décidé de ne pas participer au nouveau gouvernement dont la composition doit être annoncée avant mercredi soir.
La demande de la ministre, qui s'était entretenue avec le chef de l'Etat et le Premier ministre ces derniers jours, a été acceptée par Emmanuel Macron, selon l'entourage du président. Le parti centriste est visé depuis début juin par une enquête préliminaire ouverte qui doit faire la lumière sur les soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen. Outre Sylvie Goulard, le gouvernement sortant comptait deux autres membres issus de cette formation avec laquelle Emmanuel Macron a conclu une alliance en vue de la présidentielle : le ministre de la Justice François Bayrou, qui préside le MoDem, et Marielle de Sarnez (Affaires européennes).
REMANIEMENT IMMINENT
Contactée par Reuters, cette dernière n'a pas exclu de quitter le gouvernement pour prendre la présidence du groupe MoDem à l'Assemblée nationale. "Je peux soit m'occuper des questions européennes et vous savez que ça me passionne, soit m'occuper du Parlement", a-t-elle dit. "Donc tout est ouvert." Le MoDem choisit sa présidence de groupe "cette semaine, donc tout cela sera opérationnel cette semaine", a-t-elle ajouté. L'entourage d'Emmanuel Macron s'est refusé à tout commentaire sur l'avenir de François Bayrou et de Marielle de Sarnez.
L'Elysée avait indiqué la semaine dernière que le remaniement, prévu après la large victoire de La République en marche associée au MoDem, pourrait être étoffé avec l'arrivée de nouveaux secrétaires d'Etat afin de soulager certains ministères aux larges prérogatives et sous tension en terme d'effectifs. "C'est possible", a confirmé le Premier ministre Edouard Philippe sur BFM TV RMC mardi matin, avant l'annonce de Sylvie Goulard. Mais "pas trop, parce que vous avez bien remarqué qu'une des choses que nous souhaitions c'est d'avoir une équipe qui ne soit pas pléthorique", a-t-il précisé.
Au départ de Sylvie Goulard, s'ajoute celui de Richard Ferrand, ministre sortant de la Cohésion des Territoires. Ce proche d'Emmanuel Macron, fragilisé par une enquête judiciaire, a accepté lundi la proposition du chef de l'Etat de ne pas participer au prochain gouvernement pour briguer la tête du groupe La République en Marche (LREM) à l'Assemblée nationale. "Il aurait parfaitement pu rester ministre", a toutefois estimé Edouard Philippe, rappelant la règle fixée par le gouvernement qui prévoit que seul un ministre ayant été mis en examen pourrait être contraint de quitter le gouvernement.
(Marine Pennetier et Jean-Baptiste Vey, avec Sophie Louet et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)
2 Commentaires
Anonyme
En Juin, 2017 (12:10 PM)Bravo de ne pas mélanger les genres. Maintenant qu'est ce qu'elle faisait au ministère de la défense, elle n'a jamais vu la queue d'un char!
Anonyme
En Juin, 2017 (13:38 PM)Participer à la Discussion