Le département américain de la Justice a demandé, jeudi 7 mai, à un juge d'abandonner les poursuites pénales contre Michael Flynn, l'ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump. Le ministère a estimé que l'enquête à son encontre n'avait pas "de base légitime" et que ses déclarations "quand bien même elles seraient fausses, n'avaient pas d'importance", selon des documents judiciaires.
Michael Flynn, un ancien lieutenant général à la retraite, a engagé une procédure afin de retirer sa reconnaissance de culpabilité dans laquelle il a admis en 2017 avoir menti au FBI au sujet d'échanges avec l'ambassadeur de Russie aux États-Unis, Sergey Kislyak, dans les semaines précédant l'entrée en fonction de l'actuel président américain. Mensonges qui avaient accentué les interrogations sur le dossier sensible des relations de Donald Trump avec Moscou.
L'ancien conseiller à la Sécurité, qui a depuis changé d'avocats et de stratégie de défense, affirme désormais que les procureurs ont violé ses droits et l'ont amené à signer un accord de plaider coupable. Il demandait alors l'annulation de la procédure, en se présentant comme victime d'une manipulation.
Ses avocats avaient récemment versé au dossier des notes d'un responsable du FBI conseillant les enquêteurs sur les moyens de mener l'entretien avec le général Flynn. "Quel est votre but ? L'admission de la vérité ou de le faire mentir pour que nous puissions le poursuivre ou le pousser à la démission ?", avait écrit cet agent non identifié. D'après des experts policiers, il s'agit d'une stratégie classique face à un suspect mais les défenseurs de Michael Flynn y ont vu la preuve d'un coup monté.
Semblant céder à la pression de plus en plus vive de l'aile la plus conservatrice des alliés politiques du président des États-Unis, le département de la Justice a adressé une demande au juge Emmet Sullivan, en charge du dossier, afin qu'il abandonne les charges contre Michael Flynn. Le juge Sullivan doit maintenant statuer sur cette requête.
"Une parodie de justice"
Cette brusque volte-face du département de la Justice, dirigé désormais par William Barr, un fidèle de Donald Trump, risque de susciter une nouvelle fois les critiques des détracteurs du président.
Réagissant à cette décision du ministère de la Justice, Donald Trump s'est dit très heureux pour Flynn. Il "était innocent", a-t-il déclaré à des journalistes depuis la Maison Blanche. "Il a été ciblé juste pour essayer de (me) faire tomber." Le milliardaire new-yorkais a toujours estimé que l'enquête sur les soupçons de collusion entre Moscou et son équipe de campagne, lors de la présidentielle de 2016, était une "chasse aux sorcières" orchestrée par ses opposants.
Plusieurs voix se sont immédiatement élevées, notamment dans les rangs démocrates, pour condamner une "parodie de justice". Le retrait du dossier d'accusation "ne blanchit pas" Michael Flynn, mais "incrimine Bill Barr : jamais le ministère de la Justice n'a été autant politisé", a tweeté l'élu démocrate Adam Schiff qui préside la commission du renseignement de la Chambre des représentants.
"Le ministère de la Justice fait fausse route", a renchérit l'ancien directeur du FBI James Comey, en appelant les agents du FBI à ne pas quitter le navire pour autant.Flynn pled guilty to lying to the FBI about his illicit Russian contacts.
— Adam Schiff (@RepAdamSchiff) May 7, 2020
His lies do not now become truths.
This dismissal does not exonerate him.
But it does incriminate Bill Barr.
In the worst politicization of the Justice Department in its history.
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