Benjamin Netanyahu joue une partie de son avenir à la tête du gouvernement israélien mardi dans les urnes au terme d'une campagne électorale qui a montré la lassitude des Israéliens envers son discours sécuritaire anxiogène.
A 65 ans et après neuf années au pouvoir, "Bibi" brigue un quatrième mandat qui le rapprocherait du record de longévité du père-fondateur de l'Etat d'Israël, David Ben Gourion, qui avait passé douze ans à la tête du gouvernement.
Mais le Premier ministre, qui a voté en compagnie de sa femme et de son fils peu après l'ouverture des bureaux, à 05h00 GMT, a reconnu que l'avance de l'opposition de centre gauche semblait s'être accrue pendant les derniers jours de campagne.
"Pour empêcher l'arrivée au pouvoir de la gauche, il n'y a qu'une chose à faire : réduire l'écart", a-t-il déclaré.
En difficulté sur le terrain socio-économique, Benjamin Netanyahu a cherché ces derniers jours à replacer l'Iran et la Palestine au centre des débats, en excluant notamment lundi la création d'un Etat palestinien en cas de réélection pour séduire l'électorat nationaliste et religieux.
Si l'Union sioniste, rassemblant les centristes et les travaillistes, arrive en tête du scrutin, comme le prédisent les derniers sondages, le dirigeant travailliste Isaac Herzog devrait se voir confier la tâche d'essayer de former le nouveau gouvernement.
Essayer, seulement, car dans une Knesset qui devrait pencher nettement à droite, rien n'indique que le centre gauche, crédité de 22 à 26 sièges sur 120, serait en mesure de constituer une coalition.
L'une des clés sera le score du parti centriste Kulanu, dont le dirigeant Moshe Kahlon, dissident du Likoud de Netanyahu, est très courtisé par le Premier ministre qui lui a promis dimanche le ministère des Finances.
Une autre sera le résultat de la liste d'union constituée par les quatre partis arabes, qui devrait arriver en troisième position, selon les sondages.
"NETANYAHU PANIQUE"
Dans le cas où Isaac Herzog ne parviendrait pas à former un gouvernement, c'est le Likoud de Benjamin Netanyahu, auquel les sondages promettent de 20 à 22 sièges, qui devrait reprendre la main.
Mais pour rester fort sur la scène internationale comme en interne, le Premier ministre a besoin d'une victoire dans les urnes et il n'a pas ménagé ses efforts pour cela en liant le "destin" d'Israël à son propre sort et en se disant victime d'un "complot international".
"C'est une campagne fatidique et difficile", a-t-il dit à ses partisans lors de son dernier discours, lundi. "Nous ne pouvons pas nous permettre de rester à la maison parce que dans ce cas nous perdrons notre maison."
Isaac Herzog et sa colistière Tzipi Livni, qui a été chargée par le passé des négociations de paix avec les Palestiniens, ont maintes fois reproché à Benjamin Netanyahu de jouer avec les peurs des Israéliens pour éviter d'avoir à rendre des comptes sur la situation économique très difficile du pays.
"Netanyahu est en pleine panique alors que pour Tzipi Livni et moi-même, ce qui compte, c'est le bien du pays", a dit lundi le dirigeant travailliste, âgé de 54 ans, à la télévision. "Le vote de demain est un choix entre le changement et l'espoir d'une part, et la déception et la chute de l'autre."
Les bureaux de vote fermeront à 20h00 GMT, heure à laquelle seront publiés des sondages à la sortie des urnes. Les premiers résultats sont attendus à partir de 21h00 GMT.
(Tangi Salaün pour le service français)
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