
Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a levé le moratoire sur l'application de la peine capitale au Pakistan au lendemain du massacre revendiqué par les taliban dans une école de Peshawar, a annoncé mercredi un porte-parole du gouvernement.
Le Pakistan a entamé mercredi un deuil national de trois jours à la mémoire des 141 victimes de l'attaque, 132 enfants et neuf enseignants, selon le dernier bilan fourni par les autorités d'Islamabad. Les neuf assaillants ont également été tués.
Ce massacre d'une ampleur sans précédent a déclenché une onde de choc dans tout le pays, où les appels au rétablissement de la peine capitale, dont l'application est suspendue depuis six ans, se sont multipliés.
"Il a été décidé (lors d'un comité ministériel) que le moratoire devait être levé. Le Premier ministre a approuvé cette décision", a déclaré Mohiuddin Wani, le porte-parole du gouvernement, ajoutant que les ordres d'exécution de condamnés se trouvant dans le couloir de la mort seraient signés "d'ici un jour ou deux".
Le porte-parole du gouvernement n'a pas précisé quels seraient les condamnés concernés par cette mesure.
Le moratoire sur la peine de mort a été adopté en 2008 et une seule exécution a eu lieu depuis cette date.
L'association d'aide juridique Justice Project Pakistan estime à plus de 8.000 le nombre de condamnés à mort dans ce pays, dont environ 10% l'ont été pour "terrorisme", un terme à la définition très vague dans le droit pénal pakistanais.
Quelque 17.000 personnes sont actuellement en attente d'un jugement pour des accusations de "terrorisme" devant des tribunaux d'exception.
Dans un rapport publié mercredi, Justice Project Pakistan écrit que les suspects de terrorisme sont souvent soumis à la torture et privés d'avocat. L'ONG ajoute que ces pratiques n'ont pas permis de mettre fin aux attaques.
"De nombreuses personnes dont les crimes n'avaient rien à voir avec le terrorisme ont été condamnées à l'issue de procès inéquitables, alors que le terrorisme lui-même ne faiblit pas", souligne-t-elle.
(Sheree Sardar et Katharine Houreld; Tangi Salaün pour le service français, édité par Marc Angrand)
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