L’individu “psychologiquement perturbé” qui a retenu six personnes en otage jeudi dans une banque du Havre était obsédé par la cause palestinienne et se voyait en “moudjahid”, mais il ne s’est revendiqué à aucun moment d’un groupe djihadiste, a-t-on appris vendredi de source policière.
Le suspect, un homme de 34 ans, avait déjà pris quatre personnes en otage dans une banque du 13e arrondissement de Paris en 2013.
“Il n’avait à l’époque aucune motivation politique ou religieuse puisqu’il réclamait un logement social pour lui et son fils handicapé”, a précisé la source policière qui a assisté aux négociations menées par le RAID.
Après avoir libéré ses otages et s’être rendu sans violence, il avait échappé à la prison et séjourné dans un hôpital psychiatrique. Son nom avait néanmoins été ajouté au fichier du Traitement d’antécédents judiciaires (TAJ) pour séquestration et port d’armes.
L’homme s’était depuis installé dans la région du Havre, où il était suivi par les services de sécurité pour suspicion de radicalisation, a indiqué le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Selon la source policière, sa fiche S mentionne uniquement une “personne psychologiquement instable, à tendance paranoïaque, susceptible de se radicaliser”.
Pendant les six heures de négociations, le preneur d’otages a cité à plusieurs reprises le prophète Mahomet et s’est parfois exprimé en arabe, mais il n’a évoqué ni l’Etat islamique, ni aucun autre groupe djihadiste, a poursuivi la source.
“Il demandait la libération des mineurs palestiniens détenus en Israël et l’accès des Palestiniens âgés de moins de 40 ans à la mosquée Al Aksa à Jérusalem”, a-t-elle détaillé, évoquant un “discours assez décousu” pendant lequel il a exigé que le préfet de Paris publie un communiqué pour soutenir ses demandes, ou réclamé l’accès aux chaînes d’information continue.
Equipé d’une arme de poing, il menaçait de “tout faire sauter” si la police approchait. “En revanche, il a toujours été très correct avec les otages. Il n’y a eu ni violence physique, ni menace verbale à leur égard et les négociations avec le RAID n’ont jamais été rompues.”
Selon la source policière, l’individu a très vite réclamé qu’un scooter lui soit fourni vendredi à 04h00 du matin (02h00 GMT), après la première prière musulmane de la journée, pour parcourir avec un otage menotté les 500 mètres le séparant du commissariat voisin, où il entendait se rendre à la police.
Après avoir relâché un à un ses otages, il est finalement sorti de l’agence bancaire vers 22h45, enveloppé dans un drapeau vert du Hamas palestinien, sans que le moindre coup de feu n’ait été tiré.
Tangi Salaün et Caroline Pailliez, édité par Jean-Stéphane Brosse
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