Cent jours après son élection, François Hollande a commencé à
exécuter la liste de ses promesses électorales, mais le "président
normal" doit encore convaincre les Français qu'il est l'homme de la
situation face à la crise de la zone euro et au conflit en Syrie.
"Les 100 jours de Hollande, normal ou pépère? ", s'interrogeait lundi le
quotidien Libération (gauche), en relevant que "les Français peinent
toujours à comprendre où François Hollande et son équipe les emmènent
vraiment".
En moins de trois mois, M. Hollande a largement
tourné la page de la présidence de Nicolas Sarkozy, qualifié par la
gauche de "président des riches", en prenant à rebours certaines de ses
réformes: l'impôt sur la fortune a été augmenté, les droits sur les
grosses successions alourdis, la retraite à 60 ans rétablie pour les
salariés ayant commencé à travailler avant 18 ans ...
Le salaire
minimum et certaines prestations sociales ont été augmentés, les loyers
ont été encadrés dans les villes où la spéculation immobilière flambe,
les rémunérations des grands patrons des entreprises publiques ont été
plafonnées.
Mais un sondage publié samedi par Le Figaro (droite)
a jeté un froid: 54% des sondés sont insatisfaits de l'action du
président socialiste élu le 6 mai et entré en fonction le 15 mai, même
si 57% lui savent gré de tenir ses engagements de campagne.
Pour
l'avenir, 40% seulement des Français font confiance à François Hollande
et au gouvernement pour trouver des solutions à la crise de la zone
euro. Scepticisme encore plus fort sur le rétablissement des finances
publiques, la lutte contre le chômage, la désindustrialisation,
l'immigration clandestine ou l'insécurité.
En vacances depuis le
début du mois au fort de Brégançon, une propriété de l'Etat réservée
aux présidents sur la Côte d'Azur, M. Hollande, qui a fêté dimanche ses
58 ans, s'est efforcé de montrer qu'il restait mobilisé.
Samedi,
il s'est rendu à Grenoble pour présider l'hommage rendu au 88e soldat
français tué en Afghanistan et faire une visite impromptue à l'hôpital
où étaient soignées les victimes d'un braquage ultra-violent.
A
son retour à Paris, le 21 août au plus tard, de nombreux dossiers
attendent son arbitrage et celui de son Premier ministre Jean-Marc
Ayrault, comme celui concernant les contours de la tranche d'impôt à 75%
sur les très hauts revenus, proposition marquante de sa campagne.
Les deux hommes devront aussi convaincre la majorité parlementaire de
ratifier le traité de stabilité budgétaire européen, comme ils s'y sont
engagés auprès de ses partenaires européens, malgré l'opposition des
communistes et des réticences jusque sur les bancs des élus socialistes.
Le gros morceau de la rentrée sera le bouclage du budget 2013, alors
que la situation économique ne cesse de se dégrader: chômage de près de
10%, kyrielle de plans sociaux, et une entrée en récession annoncée pour
l'automne par la Banque de France.
Mais c'est par dessus tout sur sa politique étrangère que l'opposition de droite fait porter ses principales attaques.
Trois mois seulement après sa défaite, Nicolas Sarkozy a cessé sa cure
de silence mardi, pour mettre en cause implicitement l'attitude de
François Hollande face à la crise syrienne.
M. Sarkozy, qui
avait été en pointe dans le conflit libyen, a fait savoir qu'il avait eu
un entretien téléphonique avec le président du Conseil national syrien
(principal organe de l'opposition) Abdel Basset Sayda, et qu'ils
jugeaient tous deux nécessaire "une action rapide de la communauté
internationale pour éviter des massacres".
François Hollande a
répondu en filigrane samedi, évoquant la "recherche obstinée" d'une
solution politique en Syrie, alors que son ministre des Affaires
étrangères Laurent Fabius entame mercredi une tournée en Jordanie, au
Liban et en Turquie.
Mais l'ancien Premier ministre François
Fillon est revenu à la charge lundi, l'accusant de manquer de courage et
l'exhortant à prendre l'avion pour convaincre le président russe
Vladimir Poutine de faire plier Bachar Al-Assad.
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