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Les autorités syriennes ont affirmé samedi qu'un cordon de sécurité "très solide" était en place autour de Damas, où la panique s'est emparée des habitants après l'annonce par les rebelles qu'ils avaient commencé à encercler la capitale.
La présidence syrienne a démenti des rumeurs sur une fuite du président Bachar al-Assad face à l'offensive fulgurante menée par des groupes rebelles, disant qu'il exerçait ses "fonctions" depuis Damas.
Des forces rebelles arrivées du sud ont "commencé à encercler" la capitale, a déclaré en début d'après-midi un de leurs chefs, Hassan Abdel Ghani. Il a affirmé que ces combattants étaient à moins de 20 kilomètres de l'entrée sud de Damas.
"Damas vous attend", a lancé le leader du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Ahmed al-Chareh, s'adressant aux rebelles. Vendredi, il avait déclaré à CNN que "le but de la révolution" était "de renverser le régime" syrien.
"Il y a un cordon de sécurité et militaire très solide aux abords éloignés de Damas et de sa campagne, et personne (...) ne peut pénétrer cette ligne de défense", a assuré le ministre de l'Intérieur, Mohammed al-Rahmoun, à la télévision d'Etat.
L'armée a nié s'être retirée de zones proches de la capitale et indiqué qu'elle renforçait ses lignes autour de Damas et dans le sud du pays.
Malgré ces déclarations, la panique s'est emparée des habitants de Damas qui se sont précipités pour faire des provisions, pendant que les magasins fermaient.
Rania, une jeune femme enceinte de huit mois, a dû rentrer chez elle sans avoir trouvé les médicaments dont elle avait besoin. "La situation n'était pas comme ça quand je suis sortie ce matin. Tout à coup, tout le monde a pris peur", a-t-elle raconté à l'AFP.
Selon des témoins, des manifestants ont renversé samedi une statue de l'ancien président Hafez al-Assad, le père de Bachar, à Jaramana, dans la banlieue de Damas.
Certains criaient: "La Syrie est à nous. Elle n'appartient pas à la famille Assad".
Des scènes similaires ont été filmées notamment à Deraa, dans le sud, et à Hama, dans le centre de la Syrie.
"Je pense que nous vivons des jours qui entreront dans l'histoire", a déclaré à l'AFP un habitant de Damas âgé de 35 ans, prénommé Mohammed, qui a confié ressentir "un mélange de stupeur, de peur et d'inquiétude".
- "Joie indescriptible" -
A Hama, où les rebelles sont entrés jeudi, un photographe de l'AFP a vu des habitants mettre le feu à un portrait géant de Bachar al-Assad sur la façade de l'hôtel de ville.
"Notre joie est indescriptible et nous souhaitons que chaque Syrien honorable puisse vivre ces moments de bonheur dont nous sommes privés depuis notre naissance", a lancé Ghiath Suleiman, un habitant de la ville.
Le 27 novembre, une coalition de groupes rebelles menée par HTS, l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, a lancé une offensive depuis son fief à Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.
Les rebelles se sont emparés très rapidement de vastes territoires et des grandes villes d'Alep et de Hama, avant de progresser vers le sud en direction de Homs, à environ 150 kilomètres au nord de Damas, lors de l'avancée la plus spectaculaire en 13 ans de guerre civile.
Il est cependant difficile de vérifier de façon indépendante la situation sur le terrain. Si certains collaborateurs de l'AFP se trouvent dans des zones tenues par les rebelles, l'AFP n'a pas de journaliste présent aux portes de Damas où ils affirment se trouver.
Les rebelles étaient samedi aux portes de Homs, la troisième ville du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, selon laquelle des frappes russes et syriennes près de la ville ont tué au moins sept civils.
Des images de l'AFP ont montré des rebelles en armes à al-Rastan, une localité située au nord de Homs qu'ils traversaient à bord de jeeps et de motos.
Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, on entendait des coups de feu dans le nord de la ville de Homs.
Si les rebelles s'emparent de Homs, seules Damas et la côte méditerranéenne seront encore aux mains des forces de M. Assad, dont la famille est au pouvoir depuis plus de cinq décennies.
- "Rester vigilants" -
Dans le sud, les rebelles contrôlent désormais toute la province de Deraa, berceau du soulèvement de 2011 contre Bachar al-Assad, a déclaré samedi le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Dans la ville voisine de Soueida, un combattant a déclaré à l'AFP que les rebelles "assuraient la protection des installations vitales", après le retrait des forces gouvernementales. "Nous devons rester vigilants pour éviter de basculer dans le chaos", a-t-il affirmé.
Les forces gouvernementales se sont retirées de localités à une dizaine de kilomètres de Damas, a affirmé l'OSDH, ajoutant qu'elles avaient aussi abandonné leurs positions dans la province de Qouneitra, qui borde le plateau du Golan annexé par Israël.
Quelque 2.000 soldats syriens ayant fui les combats sont entrés en Irak, ont indiqué samedi à l'AFP deux responsables de sécurité irakiens.
La guerre civile en Syrie, qui a fait plus d'un demi-million de morts, a morcelé le pays en plusieurs zones d'influence où les belligérants sont soutenus par différentes puissances étrangères.
L'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a appelé samedi à "éviter un bain de sang et à protéger les civils".
Les violences ont fait au moins 826 morts dont une centaine de civils depuis le 27 novembre, selon l'OSDH. Au moins 370.000 personnes ont été déplacées d'après l'ONU.
Lors d'une réunion à Doha, les chefs de la diplomatie turque, Hakan Fidan, dont le pays soutient les rebelles, russe Sergueï Lavrov et iranienne, Abbas Araghchi, ont plaidé pour un "dialogue politique".
M. Lavrov, dont le pays est le principal allié de Damas avec l'Iran, a jugé qu'il serait "inadmissible" de voir des "groupes terroristes" contrôler la Syrie.
4 Commentaires
L'extrémiste
En Décembre, 2024 (21:05 PM)La Russie ne peut pas envoiyer des hommes car occupée en Ukraine. Elle va plutôt discuté avec le cher des terroristes Erdogan pour garder ses bases stratégiques en Syrie. C'est du pragmatisme.
après ces centaines de milliers de cadavres....
Le jeune Bachar n'était pas, à l'époque et à ses débuts, très mêlé à la politique syrienne. Il faisait de rares apparitions en public, fut même, à un moment donné hors du pays pour ses études de médecine. C'est un homme presque neuf, ayant une virginité politique qui est quand même arrivé au pouvoir à la suite de la mort de son père Hafes El Assad et qui a dirigé, une fois au pouvoir, son pays la Syrie d'une main de fer.
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La chute du régime de Bachar El Assad marque t-elle la fin du Baasisme en Syrie et dans le monde arabe ? Une question que l'on peut ou devons-nous poser pour ceux d'entre nous qui s'intéressent encore à ce parti, à cette idéologie des années 70 à nos jours, à son existence, et dont la Syrie est aujourd'hui le dernier bastion ? Cela peut bien l'être puisque un des piliers du Baasisme au Proche et Moyen-Orient Saddam Hussein n'est plus. Ce mouvement s'effondra t-elle, disparaîtra-t-elle comme le Nassérianisme, inspiré par Nasser dans le monde arabe qui eut son heure de gloire, son apogée sous le populaire raïs égyptien ? L'évolution des événements en Syrie et le temps nous le diront.
Un duel avait opposé les deux partis un peu partout au Proche et Moyen-Orient et en Afrique pour le contrôle des pouvoir, des appareils d'état jusque dans un pays arabe de l'Afrique de l'Ouest.
En réalité, l'inspirateur de cette idéologie panarabique ou prétendument telle était bien l'irakien et le chrétien Michel Aflak un compagnon de Saddam. Mais très vite, le Baasisme, on ne le dit jamais assez, s'est montré intolérante voire sectaire excluant toute forme de résistance à ses idées, à sa doctrine, son projet de société tant en Irak qu'en Syrie. Elle excluait et combattait toute résistance ou idées réfractaires à sa vision du monde de l'époque, à ce qu'il voulait faire.
Au lendemain de la guerre Israélo-arabe perdue par le camp arabe des années 70, les leaders Baas arabes avait espéré pouvoir conduire leur lutte contre l'état hébreu en formant un "Front de la Fermeté" qui regroupait la Syrie, l'Irak, l'Egypte, les deux Yémen du nord et du sud (Sanaa et Aden), puis la Lybie. Mais auparavant une République Arabe Unie (RAU) qui réunissait à la fois l'Égypte, la Syrie et la Libye qui portait en bandoulière la question arabe et palestinienne était fondée. Mais très vite des contradictions fortes apparaîtront portant sur le leadership et la gestion des revendications. Des conflits ouverts opposeront dans ces deux entités nassériens et baasistes qui seront parfois très violentes avec en filigranne des oppositions liées à la foi religieuse des leaders.
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En Mauritanie, un pays frère, les baasistes ont été un peu à la base de l'excitation ou de la dramatisation des événements communautaires d'avril 1989.
À la chute de feu Moctar Ould Daddah, nassériens et baasistes se sont opposés pendant longtemps dans le pays pour le contrôle du pouvoir. Mais les différents régimes militaires qui se sont succédés au pouvoir se sont attelés à les combattre et à démanteler les cellules existantes pour préserver l'unité nationale, l'état et la cohésion dans l'armée.
Saddam Hussein, au pouvoir, en grand héritier du Baas irakien qui se voyait renforcer par la mort de Nasser et donc du Nassérianisme tenta d'implanter des cellules en Afrique noire au travers de sa communauté estudiantine dans les grandes universités du monde arabe. Dans les années 70/80, il a tenté d'ouvrir à Dakar un grand centre culturel irakien, dont les locaux inachevés sont visibles encore, à proximité de la Maison du Parti situé à Colobane, dans la boucle menant au rond-point du Canal IV. Ce centre qui n'était qu'une antenne du parti Baas irakien fut stoppé net dans sa construction au début des années 80 par le président Léopold Senghor pour des raisons de sécurité. Dakar apprit qu'il n'était qu'une antenne du parti Baas destiné à la propagande et devant couvrir l'Afrique de l'ouest.
Le Président Senghor eut raison de la fermer.
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