L'UMP, qui escomptait sortir du marasme grâce aux municipales, se trouve confrontée à une crise sans précédent avec les accusations de favoritisme contre son président Jean-François Copé et le "Watergate à l'envers" visant Nicolas Sarkozy.La révélation d'enregistrements de réunions et conversations avec Nicolas Sarkozy réalisés durant le précédent quinquennat à l'insu de l'ancien président par son ex-conseiller controversé Patrick Buisson a eu l'effet d'une bombe au sein du premier parti d'opposition français.
"On n'a jamais vu ça en France, c'est un Watergate à l'envers, avec un conseiller qui met sur écoute un président, des écoutes qui peuvent devenir des éléments accablants" pour Nicolas Sarkozy comme ce le fut aux Etats-Unis pour le président Richard Nixon, estime le politologue Thomas Guénolé.Transcrits dans Le Canard enchaîné puis divulgués en audio sur le siteAtlantico.fr, marqué à droite, ces premiers extraits d'enregistrements -
que Patrick Buisson a finalement reconnus après les avoir niés - portent notamment sur une réunion de février 2011 avant le remaniement gouvernemental d'alors.On y découvre notamment des propos peu amènes de Nicolas Sarkozy sur son ami Brice Hortefeux, qui sera écarté de l'Intérieur, ou encore de Michèle Alliot-Marie, future ex-ministre des Affaires étrangères, puis des considérations personnelles, à l'issue de la réunion, de Patrick Buisson sur "des ministres archinuls".
"UNE EXTRÊME VIOLENCE"
"Le constat aujourd'hui est qu'à la fois la confiance a été trahie - c'est vraiment une trahison - et aussi que nous vivons tous cet événement comme une sorte de viol. C'est quelque chose de très dur à accepter", a commenté sur France Info Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy.Selon le député des Yvelines, Nicolas Sarkozy, qui n'avait pas réagi mercredi matin, éprouve "de la colère, le sentiment d'avoir été trahi".L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a fustigé sur France 2 des méthodes "d'une extrême violence", "des mécaniques quasi policières" qui appellent selon lui une riposte juridique.Quant à Brice Hortefeux, il a marqué sur i>TELE son refus de "commenter, nourrir, alimenter des polémiques inutiles, même si vous pouvez devinez quel est mon sentiment".
"Le plus grand danger pour Nicolas Sarkozy, c’est Patrick Buisson même car il détient des dizaines et des dizaines d’heures d’enregistrements du quinquennat", a déclaré sur BFMTV le fondateur et directeur de la publication d'Atlantico.fr, Jean-Sébastien Ferjou, qui a été proche de Patrick Buisson.Issu des rangs de l'extrême droite, ancien directeur de Minute, Patrick Buisson est considéré comme l'instigateur de la "droitisation" de lacampagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, un rôle critiqué par plusieurs responsables de l'UMP."Il m'a dit d'une phrase sibylline (...) qu'il rendrait coup pour coup", a déclaré sur i>TELE son avocat, Me Gilles-William Golnadel.
"C'EST DÉVASTATEUR"
"L'affaire des Sarkoleaks" a quasiment pris la dimension d'un scandale d'Etat avec l'intervention mercredi du premier secrétaire du Parti socialiste, qui a exhorté Nicolas Sarkozy à porter plainte et suggéré la création d'une commission d'enquête parlementaire sur une "atteinte au fonctionnement de l'Etat"."Ces enregistrements, ces sons, renvoient l'image d'une présidence Sarkozy totalement délétère", a dit Harlem Désir à la presse.A l'UMP, après les réactions de consternation suscités par la réplique de Jean-François Copé aux accusations du Point à son encontre, le choc était perceptible.
"C'est une déflagration, c'est dévastateur. La machine à perdre est en marche", commente un cadre.Le mot d'ordre officiel est à la cohésion, pour que le sursaut électoral espéré fin mars aux municipales ne se transforme pas en Bérézina, mais nombreux sont ceux qui s'inquiètent des règlements de comptes du lendemain."Ce soupçon va laisser des traces", a ainsi estimé Henri Guaino à propos de l'enquête du Point sur les surfacturations présumées de la société Bygmalion durant la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, une société fondée par d'anciens collaborateurs de Jean-François Copé.
Les enquêtes d'opinion montrent que l'UMP, dont le crédit reste entamé par la "guerre" Fillon-Copé de novembre 2012, ne tire pas un profit notable de l'impopularité de l'exécutif face à un Front national en progression."Il ne faut pas s'étonner qu'on ne vote plus pour nous, qu'on dise 'Tous pourris', 'Vous êtes tous des nuls'", a déclaré sur RTL l'ancienne ministre UMP de la Justice Rachida Dati.(Edité par Yves Clarisse)
2 Commentaires
Diololi
En Mars, 2014 (15:52 PM)Pipo
En Mars, 2014 (17:29 PM)Participer à la Discussion