Le nouveau projet qui vient d'être voté à Bruxelles vise à créer des partenariats avec des pays tiers, conditionnant l'aide au développement à la régulation du flux de migrants en Méditerranée.
« En Méditerranée centrale, les flux composés principalement de migrants économiques restent au même niveau que l’an dernier. Ils doivent être réduits», ont affirmé unanimement les dirigeants européens. Réunis à Bruxelles pour discuter des conséquences du Brexit, ils en ont profité pour accepter un nouveau plan destiné à trouver une solution à la crise des réfugiés.
Présenté début juin par la Commission européenne, le projet vise à allier le développement de certains pays et la régulation du flux de migrants en Méditerranée. Il s’agit de nouer des «partenariats» avec des pays africains, qui conditionneront les aides de l’Union européenne à des résultats en termes de migration. Si les pays concernés prennent des mesures visant à maintenir les migrants sur leur territoire, alors l’Union européenne leur fournira toutes sortes d’investissements. A l’inverse, s’ils ne jouent pas le jeu, alors elle les privera d’aides au développement.
Les pays ciblés : l’Ethiopie, le Niger, le Nigeria, le Mali ou encore le Sénégal. Une majorité de pays africains d’où sont originaires ou par où transitent une partie des migrants qui tentent de rejoindre la Méditerranée puis l’Europe.
«Instrumentalisation de l’aide au développement»
«Une politique de la carotte et du bâton», «un marchandage», déplore Philippe Jahshan, directeur de Coordination Sud, la plateforme des ONG françaises de solidarité internationale. «Ce plan conditionne les aides au développement pour les pays concernés par les transits migratoires, explique-t-il. Ça revient à dire : "l’UE ne vous soutient que si vous faites ce qu’elle vous dit."»
Une centaine d’ONG avait demandé lundi aux pays européens de ne pas accepter cette politique étrangère de l’Union européenne. Elle dénonce un plan ayant pour unique objectif de réguler l’afflux migratoire et laissant de côté la lutte contre la pauvreté. «C’est une instrumentalisation de l’aide au développement. La régulation du flux de migrants et le développement de ces pays sont des enjeux qu’il est indispensable de dissocier», reprend Philippe Jahshan.
Les ONG craignent aussi que les pays qui ne sont pas directement concernés par la crise des migrants soient marginalisés. «Le plan risque de concentrer l’attention sur les pays de transit ou d’origines des migrants. Les autres seraient alors délaissés», craint le directeur.
Avant la fin de l’année
La Commission européenne s’en défend. «Le plan a pour objectif de traiter les causes profondes des migrations en donnant aux Africains des perspectives d’avenir chez eux», a-t-elle exprimé dans un communiqué.
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a déclaré espérer les «premiers partenariats avant la fin de l’année». Au total, 66 000 migrants, des Africains pour la plupart, sont parvenus à atteindre l’Italie depuis le début de l’année, selon un décompte du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés.
Cyrielle Cabot
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En Juin, 2016 (09:29 AM)Participer à la Discussion