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Les bureaux de vote ont ouvert jeudi à 9h00 en Catalogne, où les électeurs vont décider si les indépendantistes doivent revenir au pouvoir dans leur région, deux mois après la proclamation d'une République de Catalogne mort-née qui a ébranlée l'Espagne. Le scrutin convoqué par Madrid en application de l'article 155 de la Constitution prend ainsi des allures de référendum sur l'indépendance de la région.
"Toute l'attention se concentre sur le point de savoir si le processus indépendantiste continuera ou s'interrompra" dans cette région du nord-est de l'Espagne, résume le politologue Joan Botella à Barcelone. Une participation record en vue Avant même l'ouverture des bureaux, les files d'électeurs décidés à voter avant de se rendre au travail, s'allongeaient à Barcelone.
Les bureaux devraient fermer à 20h et tous les analystes s'attendent à une participation record. Le vote depuis l'étranger grimpe d'ailleurs en flèche puisque 39.500 demandes ont été enregistrées pour ces élections, ce qui représente une augmentation de 81% par rapport au dernier scrutin régional du 27 septembre 2015, rapporte la chaîne catalane TV3. Un million d'indécis La presse espagnole titrait jeudi sur le million d'indécis, près d'un cinquième du collège électoral, dont le choix pouvait faire basculer le scrutin d'un côté ou de l'autre.
La récente étude du cabinet catalan d'études sociales et d'opinion publique (GESOP), citée par le quotidien national El Periódico, indiquait que 45% des Catalans étaient en faveur de l'indépendance. Vingt pourcent de ceux-ci précisaient en outre qu'ils l'étaient "depuis toujours". À l'inverse, 51% des Catalans se déclaraient "non indépendantistes". En 2015, les indépendantistes avaient pour la première fois remporté une majorité des sièges au parlement catalan, en rassemblant 47,8% des suffrages avec déjà un record historique de participation (74,95%).
Les indépendantistes évincés définitivement du pouvoir? Les élections ont été convoquées par le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, qui a placé la région sous tutelle après la déclaration d'indépendance de son parlement régional. Les conservateurs du Parti populaire -qui n'avait recueilli que 8,5% des voix aux élections régionales de 2015- qui dirigent actuellement l'Espagne, de même que les libéraux de Ciudadanos et leurs adversaires socialistes, ont fait campagne en fustigeant "le cauchemar" ou "la folie" indépendantiste.
Ils ont insisté sur "la fracture sociale" créée par la question de l'indépendance dans la région ou sur la fuite de plus de 3.000 entreprises qui ont déplacé leur siège social hors de Catalogne. Nombre d'analystes tablent cependant sur un gouvernement dirigé par les indépendantistes. Selon les sondages, la bataille pour la première place se jouerait entre le parti sécessionniste de gauche ERC du vice-président destitué Oriol Junqueras -inculpé et emprisonné pour "rébellion"- et la formation Ciudadanos incarnée par Inès Arrimadas.
Puigdemont bien décidé à récupérer son poste Les deux principaux dirigeants destitués par Madrid jouent leur va-tout avec ce scrutin, mais se présentent sur des listes séparées. Le président catalan révoqué, Carles Puigdemont (droite indépendantiste), qui s'est exilé à Bruxelles, entend reconquérir son poste par les urnes, en sachant qu'il serait aussitôt arrêté s'il rentrait. "Ce qui est en jeu, ce n'est pas qui remporte les élections mais si c'est le pays (la Catalogne, ndlr) qui gagne ou si c'est Rajoy", martèle M. Puigdemont.
Oriol Junqueras, l'autre tête de liste séparatiste, n'a, lui, pas pu faire campagne. Autorisé à dix appels téléphoniques par semaine depuis sa prison, il a néanmoins envoyé à ses militants messages, poèmes et enregistrements. Protestation Nombre d'électeurs arborent d'ailleurs des rubans ou vêtements jaunes, couleur de la protestation contre la détention prolongée de quatre leaders indépendantistes.
Le parti de M. Rajoy se vante pourtant d'avoir "décapité" l'indépendantisme catalan. Alors que la campagne était close, M. Rajoy s'est félicité mercredi soir d'avoir fait usage en Catalogne d'un article de la Constitution jamais encore utilisé pour rétablir l'ordre. "Dans tous les lieux d'Espagne, les gouvernants (...) savent désormais ce qui se passe quand ils font ce qu'on ne peut pas faire", a-t-il averti.
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