Alors que la justice turque vient d'ordonner le déblocage de Twitter, il semblerait que les mesures prises par Ankara n'aient pas eu les effets escomptés. Bien au contraire... L'autorité turque des télécommunications (TIB) a bloqué jeudi dernier Twitter, accusé par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan de propager les accusations de corruption à l'égard de son gouvernement. Or, un tribunal d'Ankara vient aujourd'hui d'ordonner le déblocage controversé.Ironie de l'histoire, deux sociétés spécialisées dans les médias sociaux ont constaté que le nombre d'utilisateurs avait considérablement augmenté en Turquie depuis le blocage du réseau Twitter.
Brandwatch et WeAreSocial ont en effet observé une croissance de 138% du nombre de connexions au réseau de microblogging.Comme le précise le site Naked Security, la mesure du gouvernement turc consistait jusqu'alors à rediriger les twittos vers une page d'information, destinée à leur signifier la suspension provisoire des services sur le territoire national. Or, la résistance s'est rapidement organisée et les utilisateurs se sont tournés vers d'autres méthodes de connexion, via VPN, via SMS ou en transitant par les serveurs DNS de Google. Les responsables de Twitter eux-mêmes s'étaient personnellement mobilisés contre la censure en proposant des solutions capables de contourner le blocage mis en place par le Premier ministre (voir tweet ci-contre).
Parallèlement, le site Rue89 avait exceptionnellement traduit son mode d'emploi anti-censure en turc par solidarité numérique. Enfin, l'Union européenne s'était associée à l'indignation internationale en condamnant la mesure, par la voix de Neelie Kroes, commissaire en charge des Nouvelles Technologies.Morale de l'histoire: en voulant réduire au silence les critiques populaires adressées à son égard, le gouvernement Erdogan a une nouvelle fois jeté de l'huile sur le feu, encouragé la resistance, s'est complètement décrédibilisé aux yeux de la communauté internationale et a même provoqué quelques dissensions au sein du parti AKP. Le président turc, Abdullah Gül, twitto à ses heures, n'avait en effet pas hésité à dénoncer lui-même la décision de son gouvernement...
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