Exilé au Nigéria, Charles Taylor pourrait être traduit en justice. La volonté en a été émise par la nouvelle présidente du Liberia, actuellement en visite à Paris.
L'ancien président libérien Charles Taylor devra un jour rendre des comptes à la justice, mais cela ne se fera pas sans consultations avec le Nigeria, où il est en exil, ni au détriment de la stabilité du Liberia, a affirmé hier la présidente de ce pays Ellen Johnson Sirleaf. "Oui, l'ancien président Charles Taylor fera face à la justice", a déclaré Mme Sirleaf, en réponse à une question lors d'une conférence à l'Institut français des relations internationales (Ifri) à Paris. "Mais il faut garder à l'esprit que nous sommes prudents et que ceci demande en premier lieu des consultations", a-t-elle déclaré, en faisant allusion au Nigeria, qui a offert l'asile à l'ancien président, et aux autres pays d'Afrique de l'Ouest.
"Deuxièmement, la stabilité du Liberia reste de la plus haute importance, et quoi que nous fassions, il faudra prendre cela en considération", a-t-elle ajouté. "Mais avec ces deux précisions, la justice sera rendue en fin de compte", a assuré Mme Sirleaf, en visite officielle en France jusqu'à vendredi.
Charles Taylor vit à Calabar, dans le sud du Nigeria, depuis août 2003, date de son départ du pouvoir sous la pression des rebelles et de la communauté internationale à l'issue de 14 années de guerre civile. Il est inculpé de "crimes contre l'humanité" par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone soutenu par l'Onu.
Mme Sirleaf, qui s'est rendue la semaine dernière à Abuja pour des entretiens avec son homologue Olusegun Obasanjo, avait déclaré à son retour que "les dirigeants africains vont œuvrer à trouver une solution acceptable pour la communauté internationale. Et cela sera bientôt fait". Le ministre nigérian de l'Information Frank Nweke a de son côté déclaré mercredi que "le gouvernement du Liberia et le gouvernement du Nigeria travaillent ensemble pour parvenir à une décision sur la question de Charles Taylor", sans donner plus de détails. Le président Obasanjo a affirmé, à plusieurs reprises, qu'il ne remettrait l'ancien seigneur de la guerre qu'aux autorités légitimes libériennes, si celles-ci en faisaient la demande.
"La question de M. Taylor sera résolue. Mais pour savoir comment, je pense que nous devons attendre que les dirigeants d'Afrique de l'Ouest soient consultés et aient défini la manière dont ils veulent agir", a ajouté Mme Sirleaf plus tard dans la journée, lors d'une conférence de presse. Elle a reconnu que l'ancien président avait "toujours des sympathisants, des agents et des intérêts dans le pays" et que "cela peut mener à des actions ayant un potentiel de déstabilisation". "Je pense que nous avons les moyens de contrecarrer cela, je ne pense pas que cela soit susceptible de perturber la paix de manière significative, mais le potentiel est là", a-t-elle ajouté.
L'enquêteur principal du Tribunal spécial pour la Sierra Leone avait estimé l'année dernière que Charles Taylor constituait un "danger précis, clair et imminent pour la paix et la sécurité non seulement du Liberia mais de toute l'Afrique de l'Ouest" tant qu'il n'aurait pas été traduit en Justice.
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