Pour enclencher la procédure d’arrestations des Mame Madior Boye et compagnie, il ne s’agirait plus que d’une question de temps. Une source proche du dossier nous a confié que le ministère des Affaires étrangères qui, jusque-là, bloquait la procédure au niveau hexagonal, a émis un avis favorable et aurait déjà transmis le dossier au parquet.
A chaque anniversaire du naufrage du bateau «Le Joola», la question des indemnisations et autres poursuites judiciaires refait surface. En France, suite à une quinzaine de plaintes contre X déposées par les familles des victimes françaises, le parquet d’Evry (région parisienne) a été désigné le 1er avril 2003, pour enquêter sur des faits «d’homicides et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité, et défaut d’assistance à personne en péril».
Il y a un an, huit mandats d’arrêt internationaux ont été annoncés par la Justice française, à l’encontre des autorités politiques et militaires sénégalaises parmi lesquelles l’ancien Premier ministre Mame Madior Boye. Mais, depuis, c’est silence radio dans ce dossier. Tant du côté du parquet d’Evry que du côté du Sénégal. Malgré les pressions incessantes des familles des victimes françaises qui réclament «la vérité». A en croire une source sûre, la mise à effet de ces mandats d’arrêts, qui sont toujours en cours, a été retardée par le ministère des Affaires étrangères françaises.
Le dossier aurait ainsi été bloqué au niveau du quai d’Orsay, qui devait au préalable dire son mot avant l’enclavement de la procédure. Aujourd’hui, c’est chose faite, selon notre source : «Maintenant, le quai d’Orsay a émis son avis favorable, il vient de transmettre le dossier au Parquet.»
C’est au cours d’une réunion tenue le 5 octobre 2006 au Tribunal d’Evry entre les parties civiles et le juge d’instruction en charge du dossier du naufrage du «Joola» qu’une éventualité de délivrer des mandats d’arrêt internationaux contre huit personnes a été étudiée. Ce jour-là, l’ancien Premier ministre, Mame Madior Boye, l’ex-ministre de l’Equipement et des Transports Youssouph Sakho, l’ex-ministre des Forces Armées Youba Sambou et cinq directeurs d’administration, ont été directement indexés. Maintenant que le dossier est débloqué côté Français, cela ne voudra sans doute pas dire que la procédure se mettra en route dans les prochains jours.
Il faudra composer avec la bonne volonté des autorités sénégalaises qui, comme on le sait, n’ont jamais inspiré confiance à la Justice française et aux familles des victimes françaises. En effet, elles ont toujours douté que le Sénégal soit disposé à collaborer dans ce dossier. En tous cas, sous ce rapport, la partie est loin d’être gagnée.
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