Manuel Valls, qui a engagé mardi la responsabilité du gouvernement pour passer en force sur le projet de réforme du Code du travail, dit ne pas craindre que son gouvernement soit renversé par une motion de censure. Invité sur TF1, le Premier ministre a justifié le recours à l'article 49-3 par le fait que cette loi est "une réforme essentielle pour les entreprises et importante pour les salariés".
Le conseil des ministres, convoqué en urgence en début d'après-midi, a autorisé le chef du gouvernement à recourir à l'article 49-3 de la Constitution qui permet d'adopter sans vote un texte si une motion de censure ne le sanctionne pas. Cette décision a suscité un tollé de l'opposition de droite et du centre droit mais également de la gauche non socialiste, qui a été la plus virulente lors de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée nationale.
Le groupe Les Républicains en association avec celui de l'UDI (centriste) a déposé une motion de censure qui sera soumise jeudi au vote. Prié de dire s'il craignait que les frondeurs socialistes ne s'agrègent aux députés de droite, permettant ainsi de renverser le gouvernement, Manuel Valls a répondu: "Je ne le crains pas". "A chacun de prendre ses responsabilités. S'il y a des députés de gauche qui veulent voter la motion de censure de la droite, ils n'ont qu'à le faire.
Mais quelle contradiction", a-t-il ajouté. Des élus écologistes et communistes ont annoncé pour leur part qu'ils réfléchissaient non pas à voter avec la droite mais à une "motion de censure de gauche" que des frondeurs du PS n'excluraient pas également de voter. Il n'est pas certain, cependant, qu'ils puissent obtenir les 58 signatures requises pour présenter une motion de censure. Les frondeurs PS se prononceront sur le vote éventuel d'une motion de défiance contre le gouvernement mercredi en fin de matinée, a précisé le député de la Nièvre Christian Paul sur BFM TV.
NOUVELLES MANIFESTATIONS
Les sept syndicats opposés à la loi Travail appellent à amplifier la mobilisation lors des manifestations prévues jeudi. Les syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires et les organisations de jeunesse, UNEF, UNL et FIDL prévoient également deux nouvelles journées de grèves et manifestations le mardi 17 mai et le jeudi 19 mai prochains. Dénonçant un "passage en force inacceptable", elles n'écartent dans un communiqué "aucun type d'initiatives pour les semaines à venir, y compris une manifestation nationale".
Dans la soirée, des centaines de personnes ont occupé le pont de la Concorde, face à l'Assemblée nationale, à l'appel notamment du mouvement "Nuit debout" pour protester contre le recours à l'article 49.3. "Tout le monde emmerde le 49-3", "la vraie démocratie, elle est ici", "Assemblée nationale assemblée du capital", scandaient des manifestants. (Gérard Bon)
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