« L’existence de deux Etats, israélien et palestinien, vivant côte à côte et en paix, chacun à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues, est un rêve dont la réalisation est à notre portée ». C’est la quintessence du discours que Me Abdoulaye Wade a livré, hier à Paris, au siège de l’Unesco. C’était au cours du 3e Congrès mondial des imams et rabbins pour la paix dont le thème porte sur la « Sacralité de la paix ».
Le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, est convaincu que la paix est possible entre Israéliens et Palestiniens, mieux, la réalisation de deux Etats vivant côte à côte et dans la paix est à la portée de la communauté internationale. Me Abdoulaye Wade s’exprimait hier à la tribune du 3e Congrès mondial des imams et rabbins pour la paix. Ces derniers avaient même déclaré 2008 « Année de la Réconciliation entre les Israéliens et les Palestiniens ». De l’avis du président sénégalais qui a exprimé sa foi en les hommes et les peuples qui partagent le même Dieu et le même ancêtre (Abraham), malgré la persistance de ce vieux conflit, cette déclaration est « un pari optimiste sur le futur ». En cela, le message, « en plus de sa portée spirituelle et pédagogique, est source d’espoir pour le camp de la paix, car s’adressant à la Terre Sainte des trois religions révélées », a dit Me Wade. Ce qui devrait les inciter à se réconcilier et à se libérer « du spectre de la guerre, de la violence et de la peur » et donc à partager « le souci d’une coexistence pacifique comme fondement des relations humaines », a indiqué le chef de l’Etat, appelant à une fédération de toutes les énergies.
Soulignant qu’il partage l’engagement, « pour une paix durable » entre Israéliens et Palestiniens, il a précisé que le dialogue et la tolérance sont le socle d’une cohabitation, comme c’est le cas au Sénégal où « 95 % de Musulmans et 5 % de Chrétiens cohabitent paisiblement, dans le respect de leurs convictions religieuses, si bien que dans une même famille, on peut compter à la fois des imams et des prêtres ».
Vertu élevée de la paix
A en croire Me Abdoulaye Wade, en choisissant le thème de la « Sacralité de la paix », imams et rabbins ont voulu témoigner de la « vertu élevée de la paix qui procède du Commandement de Dieu dont elle est inséparable comme en témoignent les Livres Saints : la Torah, la Bible et le Coran ». Et le chef de l’Etat de convoquer quelques écritures saintes tirées de ces trois Livres Saints pour mieux illustrer ses propos. Mais, également l’Histoire : (Négus, roi chrétien d’Ethiopie, qui avait donné l’hospitalité et assuré la protection au Prophète Mohammed (Psl) ; la Charte de Médine de 622 qui régissait les droits et devoirs des musulmans, Juifs et autres communautés arabes et tribales et l’Espagne musulmane où musulmans et Juifs vivaient en parfaite intelligence ; l’Empire Ottoman où les Juifs apportèrent, par leur savoir et leur savoir faire, une contribution remarquable au dynamisme scientifique, économique, social et culturel de l’Empire). Ces exemples montrent que la coexistence pacifique entre musulmans et Juifs est « un fait historique indéniable », a martelé le chef de l’Etat, soulignant que l’Humanité, dans grande sa diversité, a « un destin commun ». Lequel doit inviter tous à réfléchir sur « la précarité de la condition humaine chaque fois que s’effondre le réceptacle sur lequel reposent les relations apaisées entre les peuples ». Il a appelé à « plus de vigilance, plus de solidarité, plus d’ouverture d’esprit dans le dialogue et plus de responsabilité dans l’action », mais surtout à « accepter de vivre ensemble par la célébration des valeurs partagées et le respect des diversités, le refus de l’enfermement, la transcendance des préjugés, l’opposition aux extrémismes de tous bords et sous toutes ses formes ». Car, alors que se réduit la distance physique, « la logique des antagonismes, née de l’incompréhension et de l’absence de dialogue, élève des cloisons tenaces entre les peuples ». Et Me Abdoulaye Wade de demander aux imams et rabbins de se remémorer la tragédie du 20e siècle, qui doit servir de « leçon » et mieux, de « vaincre l’ignorance, la peur », eux qui sont capables de « raviver et entretenir la flamme de la paix dans le cœur des hommes, d’apaiser les rancoeurs, lever la suspicion qui génère la méfiance et la peur et baliser ainsi la voie du dialogue et de l’entente cordiale ». Car, a rappelé le chef de l’Etat sénégalais, qui a révélé avoir dépêché Mamoune Niasse au Darfour dans ce cadre, « le 21e siècle sera le siècle des religions », citant André Malraux.
Enfin, il a invité tous à revenir « à la lettre et à l’esprit » de la Constitution de l’Unesco en associant à l’éducation de nos enfants, dès le bas âge, la culture de la paix. Puisque, comme le stipule la Constitution de l’Unesco, « la guerre prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être érigées les défenses de la paix ».
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