Un mois, jour pour jour, après son transfert en catimini en Europe, dans un avion médicalisé, le doyen des chefs d'Etat africains aurait fini par tirer sa révérence. C’est en tout cas l’information, démentie par le chef du gouvernement gabonais, qui aurait été donnée par des sources proches des milieux officiels français. Si la nouvelle se confirme, Omar Bongo va emporter avec lui tout un pan de l'histoire des relations entre l'Afrique et le reste du monde. Car, durant près d'un demi siècle, Omar Bongo a été au cœur des turpitudes qui ont émaillé les rapports instables entre les pays africains francophones et la métropole française. Il fut durant toute sa présence à la tête de son pays, l'un des plus grands défenseurs du maintien des rapports ombilicaux avec la France. Une reconnaissance, serait-on tenté de dire, car de son poste de vice-président en 1967, c'est ce pays qui le propulsa une année après, à la tête du Gabon, suite au décès de Léon Mba.
Pourtant, rien ne prédisposait ce Gabonais de l'ethnie Batéké au prestigieux poste de président de la République. Né le 30 décembre 1935, il effectua ses études secondaires à Brazzaville avant de terminer par un service militaire au Tchad. Mais, toujours est-il que son destin présidentiel était tout tracé, car Omar Bongo, c'est également une vie politique pleinement remplie. Arrivé au pouvoir en 1968, il fut élu tour à tour, en 1968, en 1973, en 1979, 1986 avec de fabuleux scores favorisés certainement par une imposition du régime de parti unique. Et ce n'est qu'en 1990 et sous la pression des différents acteurs politiques et civils de son pays que le multipartisme a été instauré. Ce qui ne l'empêcha pas d'être réélu en 1998 et 2005. Il usera également de tout son parcours politique de ses fortes capacités à faire rallier ses adversaires à sa cause, rendant presque inexistante l'opposition. En effet, son principal challenger politique, Mba Abessol, propulsé comme maire de Libreville a fini par céder sous les fourches caudines de la machine Bongo. Un champ d'intervention qui s'étendait même sur les milieux d'influence des pays occidentaux. Car, le patriarche, comme l'appelaient affectueusement ses compatriotes, savait manipuler à sa guise les profils des émissaires français en Afrique. C'est ainsi qu'il avait eu la tête de l'ancien secrétaire d'Etat français à la coopération, jean Marie-Bockel qui avait pris le risque de décréter ‘la fin des rapports occultes de la Françafrique’.
Signe que durant toute l'évolution de la cinquième république, l'ancien homme fort du Gabon symbolisait le principal relais entre l'Afrique et la France. Mais, tel un rouleau compresseur, la machine française s'est mise à l'ébranler durant ses derniers jours présidentiels. En effet, pour la première fois dans l'histoire africaine, le 1er avril 2009, le parquet de Paris avait autorisé l'ouverture d'une information judiciaire, suite à une plainte contre les présidents Omar Bongo, Sassou Nguesso et Obiang Nguéma. Deux années auparavant, le même Omar Bongo Ondimba perdait son procès devant l'ancien patron du groupe Elf en Afrique, André Tarallo. Des revers successifs qui étaient, en définitive des prémices de l'essoufflement de son régime de 41 ans. Une longue vie politique soutenue par un franc-parler hors pair qui régula ses rapports avec les autres dirigeants africains. Ce qui ne l'empêchait pas de se porter en médiateur dans certains pays africains. Car, en dehors de son rôle crucial au Congo Brazzaville en 1999, il aura été l'un des principaux artisans de la feuille de route qui avait permis un partage des responsabilités en Côte d'Ivoire, entre le Fpi et les forces nouvelles. Mais, aujourd'hui, le ‘sage’ s'est éteint, laissant derrière lui un continent dont les dirigeants ont de plus en plus du mal à se passer du pouvoir.
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