Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (Tpiy) a confirmé la mort à 64 ans de l’ancien Président, Slobodan Milosevic, que le gardien a «découvert sans vie dans son lit dans sa cellule au Centre de détention à Scheveningen» ce samedi 11 mars. Le décès confirmé par «le médecin-en-chef», une enquête a été lancée par les «autorités de police et médico-légales néerlandaises». «Une autopsie et un examen toxicologique ont été ordonnés» et la famille Milosevic «informée».
Le «Président du Tribunal, le Juge Fausto Pocar, a ordonné une enquête exhaustive» pour déterminer les causes exactes de la mort de Slobodan Milosevic dans la cellule où la justice internationale faisait son procès à La Haye depuis le 12 février 2002. Mort naturelle ou suicide, l’ancien Président serbe de la défunte République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Montenegro), Slobodan Milosevic, devait répondre de plus de 60 chefs d’accusation de crimes de guerre et contre l’humanité pour son rôle dans les guerres en Croatie (1991-1995), en Bosnie, (1992-1995) et au Kosovo (1998-1999). Créé spécialement pour en juger, le Tpiy avait rejeté fin février une demande de remise en liberté provisoire de ses avocats. Ces derniers invoquaient des problèmes d’hypertension et des difficultés cardio-vasculaires de Milosevic, lui-même désireux de se faire soigner en Russie.
Milosevic est mort avant la fin d’une procédure qui, avec sa comparution en tant qu’ancien chef d’Etat, constituait une première en matière de justice internationale. Arrêté le 1er avril 2001 à Belgrade, six mois après le renversement de son régime en octobre 2000, Milosevic avait été livré au Tpiy le 29 juin 2001. L’accusation avait achevé de présenter ses preuves en février 2004. Milosevic plaidait non-coupable, refusant tout avocat pour sa défense. «Il y a quelques semaines, il m’a dit qu’il n’avait pas l’intention de mettre fin à ses jours, il travaillait ardemment à sa défense et était déterminé à se battre pour son procès», affirme l’un de ses avocats commis d’office depuis septembre 2004.
Le procès Milosevic a été régulièrement interrompu par la stratégie de défense de Milosevic, mais aussi par son état de santé. Il devait reprendre le 14 mars avec le témoignage de l’ancien Président du Monténégro, Momir Bulatovic. Ancien chef du parti communiste de la Serbie (1987), porté à la tête de la République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) en 1997, Slobodan Milosevic ne pourra plus répondre de l’épuration ethnique qui a ravagé l’ex-Yougoslavie entre 1991 et 1999, avec notamment le massacre de quelque 8 000 musulmans dans l’enclave de Srebrenica, en 1995. L’action du Tpiy contre Milosevic devrait s’éteindre avec lui, conformément au réglement du tribunal, qui exclut tout procès en l’absence de l’accusé. De nombreuses questions sur la sanglante guerre des Balkans resteront sans réponses, voire sans suites judiciaires.
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