La justice française a confirmé en appel un non-lieu accordé à un policier qui avait tué un père de famille chinois en 2017 lors d'une intervention à son domicile, à Paris, a appris l'AFP de sources concordantes.
La mort de Liu Shaoyao, tué d'une balle, avait déclenché la colère de la communauté chinoise, à l'origine de plusieurs manifestations d'une ampleur inédite.
Légitime défense, selon la justice
La famille Liu avait fait appel du non-lieu accordé le 11 juillet 2019 au policier, qui n'a pas été inculpé dans cette enquête pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et s'est vu accorder le bénéfice de la légitime défense. "Nous avons l'impression d'une duplicité entre la police et la justice: des juges ne veulent pas se mettre mal avec les policiers qui mènent leurs enquêtes", a dénoncé l'avocat de la famille auprès de l'AFP, annonçant un pourvoi en cassation. L'avocate du policier n'a pu être jointe dans l'immédiat.
Rappel des faits
Le 26 mars 2017 peu après 20h, la police s'était rendue dans une cité du 19e arrondissement, alertée par un voisin qui avait signalé la présence de M. Liu, très agité et tenant à la main ce qu'il croyait être un couteau. Craignant un danger, les policiers, deux hommes et une femme équipés d'un fusil d'assaut et de pistolets, avaient enfoncé la porte du domicile. Une poignée de secondes plus tard, Damien V. tirait un coup de feu, touchant mortellement au coeur M. Liu, 56 ans, sous les yeux de ses enfants.
Deux versions s’opposent
Selon la version des policiers, l'homme venait d'agresser avec ses ciseaux le porteur du fusil d'assaut. "Il me plante!”, aurait crié ce dernier, provoquant le tir de riposte de son collègue. Pour les enfants Liu, jamais leur père n'a porté la main sur personne: la lame était une paire de ciseaux, qui lui servait à écailler du poisson. Un voisin, témoin depuis le couloir, assure qu'il n'a jamais entendu les policiers crier "il me plante" avant le coup de feu. Interrogé par l'AFP, le témoin a décrit une "intervention extrêmement violente et en décalage total avec la situation", par des policiers "peu en maîtrise".
Responsabilité de l’État
En parallèle, un juge des référés à Paris a ordonné le 26 octobre une expertise pour déterminer l'ampleur du préjudice subi par la veuve Liu et ses quatre enfants, préalable à une action en responsabilité de l'Etat pour faute lourde. De son côté, l'ancien Défenseur des droits Jacques Toubon avait recommandé des sanctions disciplinaires contre les policiers pour leur "manque de discernement" et la mauvaise prise en charge des enfants, retenus deux heures sans assistance après le drame.
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