La piste d’une vengeance professionnelle est privilégiée par les enquêteurs après le fait divers qui a ébranlé le département du Nord durant le week-end.
Quarante-huit heures après le quintuple meurtre survenu samedi 14 décembre dans les environs de Dunkerque, la piste d’une vengeance professionnelle commence à se dessiner. Le suspect de 22 ans s’était rendu à la gendarmerie de Ghyvelde, petite commune du département du Nord située à la frontière avec la Belgique, le même jour des meurtres. Il y est toujours placé en garde à vue ce lundi 16 décembre.
Son avocate, Véronique Planckeel, souligne que son client « a spontanément reconnu les faits et est très posé, très calme ». Elle n’est cependant « pas sûre que ce garçon comprenne vraiment les conséquences de ses actes » ni qu’il « sache lui-même quoi répondre » aux enquêteurs.
• La première victime, son ancien employeur
Le suspect avait de la rancœur envers sa première victime, Paul Dekeister, qui était son ancien employeur, selon maître Planckeel. Cet homme de 29 ans, qui dirigeait une société de transport routier, a été tué vers 15 h 15 samedi à Wormhout devant son domicile par plusieurs tirs d’armes à feu.
« On ne sait pas la manière dont s’est rompu le contrat de travail », a déclaré à l’AFP l’avocate, pour qui « beaucoup de zones d’ombre demeurent » quant aux motivations de son client. Selon une source proche du dossier, une vengeance après un différend professionnel fait partie des pistes privilégiées.
« Il n’y a rien à comprendre », a réagi pour sa part l’oncle de Paul Dekeister dans les colonnes du Parisien ce lundi. « Mon neveu avait embauché ce gangster comme chauffeur saisonnier. L’été, Paul avait besoin de plus de chauffeurs. Je crois savoir qu’il lui avait fait un contrat saisonnier de trois mois et qu’il s’en est séparé après. Où est le problème ? Qui tue pour ça ? », se demande-t-il désormais.
• Les deux victimes suivantes, des agents de sécurité
Le tueur présumé a en outre été salarié de l’entreprise Eamus Cork Security (ECS) pour laquelle travaillaient ses deux victimes suivantes, deux agents de sécurité, a indiqué lors d’un point presse Patrick Guerbette, fondateur de la société en question.
Il y a effectué « une période de formation et de contrat de professionnalisation (...) il y a plus d’un an et demi » durant laquelle il n’a été la cible d’« aucun reproche », a précisé le chef d’entreprise. Selon lui, le tueur présumé n’avait alors « pas du tout » été en contact avec les deux agents pris pour cible.
Ces deux pères de famille trentenaires, Marc et Aurélien, ont été tués vers 16 heures dans la zone portuaire de Loon-Plage, en périphérie de Dunkerque. Ils étaient en mission de surveillance à bord d’un véhicule d’entreprise, a ajouté lors du point presse Bruno Willems, le PDG d’ECS.
Pour Patrick Guerbette, « n’importe qui qui se serait trouvé là, à ce moment-là sur la route, aurait pu être une victime. » D’après l’avocate du suspect, sur les deux agents de sécurité, « il en connaissait un de vue, semble-t-il, c’est tout ».
• Les deux dernières victimes, deux migrants
Selon maître Planckeel, il n’y a pour l’heure « pas d’explication » au meurtre survenu quelques minutes plus tard et à cinq kilomètres de là de deux migrants, qui se trouvaient à proximité d’un campement de fortune. Les deux hommes « pourraient être de nationalité iranienne (...) âgés de 19 et 30 ans », a indiqué dimanche la procureure de Dunkerque, Charlotte Huet, dans un communiqué. La source proche du dossier rapporte qu’ils auraient été pris pour cible par hasard.
« De nombreuses personnes » sur le campement « nous ont demandé de la protection, un hébergement », a indiqué Célestin Pichaud, coordinateur de l’association Utopia 56, qui vient en aide aux exilés. « La peur, le stress et la précarité sont au maximum », a-t-il alerté.
Le suspect « est inconnu des services de police et de l’autorité judiciaire » et « plusieurs armes à feu ont été retrouvées dans sa voiture », a encore précisé Charlotte Huet dimanche. L’enquête a été ouverte pour « meurtres précédés, accompagnés ou suivis d’un autre crime » et « acquisition, détention, port et transport d’armes de catégorie A et B », des faits passibles de la réclusion à perpétuité. Sa garde à vue peut désormais durer « jusqu’à 96 heures, c’est-à-dire jusqu’à mercredi », a précisé la procureure dans son communiqué.
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