Le chef de l'État algérien Abdelmadjid Tebboune s'est entretenu jeudi 9 juillet par téléphone avec Emmanuel Macron, au sujet de la question mémorielle entre les deux États, ainsi que sur la situation préoccupante en Libye et au Sahel.
Nouveau signe de rapprochement entre Alger et Paris. Le chef de l'État algérien Abdelmadjid Tebboune a reçu jeudi 9 juillet un appel téléphonique d'Emmanuel Macron, a annoncé la présidence algérienne, au moment où se dessine un dégel dans les relations entre l'Algérie et la France, l'ex-puissance coloniale. L'entretien - le troisième en moins de six semaines - a porté sur la question mémorielle ainsi que sur la situation en Libye et au Sahel, selon un communiqué de la présidence.
Il survient quelques jours après la remise par la France des restes de 24 combattants algériens tués au début de la colonisation française au XIXe siècle.
"L'entretien (...) a permis aux deux présidents de passer en revue un certain nombre de questions (...), notamment celles liées à la mémoire et au centre desquelles s'est retrouvée celle de la restitution, le 3 juillet dernier, des restes de vingt-quatre combattants de la résistance algérienne comme de ceux qui demeurent encore à rapatrier et du besoin de travailler à la réconciliation des mémoires des peuples des deux pays", a expliqué la présidence algérienne.
Des excuses attendues par l'Algérie
La restitution des ossements - des crânes - par la France est un signe fort de rapprochement entre Alger et Paris, marquées depuis l'indépendance en 1962 par des polémiques et des crispations. Dans un entretien avec France 24, samedi, Abdelmadjid Tebboune a déclaré attendre des excuses de la France pour la colonisation de l'Algérie afin "d'apaiser le climat et le rendre plus serein".
Le président algérien avait également couvert de louanges son homologue français, "quelqu'un de très honnête" susceptible de contribuer à ce climat d'apaisement.
En décembre 2017 à Alger, le chef d'État français s'était engagé à restituer les crânes d'Algériens entreposés depuis le XIXe siècle dans les collections du Muséum national d'Histoire naturelle de Paris. La même année, mais avant son élection, il avait qualifié, également dans la capitale algérienne, la colonisation de l'Algérie de "crime contre l'humanité", s'attirant des critiques de responsables français de droite.
Des dirigeants politiques algériens ont par ailleurs critiqué jeudi Marine Le Pen, sans la nommer, et le "lobby colonialiste", après que la dirigeante du Rassemblement national a rejeté les demandes d'excuses d'Alger pour le passé colonial.
Une situation préoccupante au Sahel
La question de la mémoire reste au cœur des relations conflictuelles entre la France et l'Algérie, où la perception est que Paris ne fait pas assez pour se repentir de son passé colonial.
Dans leur entretien téléphonique, les deux présidents ont également échangé "sur la situation prévalant dans la région, notamment en Libye et au Sahel", ajoute le communiqué.
Ils "sont convenus de continuer à renforcer la relation d'amitié entre la France et l'Algérie et la coopération entre les deux pays sur les crises régionales, notamment en Libye et au Sahel", souligne encore le communiqué.
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