Le procès de Bernard Preynat, qui devait s'ouvrir lundi devant le tribunal correctionnel de Lyon, est reporté à mardi en raison de la grève des avocats. L'ancien prêtre est accusé d'agressions pédophiles commises entre 1971 et 1991, sur des scouts âgés de 7 à 15 ans, alors qu'il officiait comme vicaire-aumônier à Sainte-Foy-lès-Lyon.
L'affaire éclabousse depuis des années l'Église catholique française. Bernard Preynat, ancien prêtre lyonnais âgé de 74 ans, devait comparaître à partir de lundi 13 janvier devant le tribunal correctionnel de Lyon pour des agressions sexuelles commises sur de nombreux jeunes scouts entre 1971 et 1991, alors qu'il officiait dans la paroisse de Sainte-Foy-lès-Lyon. Le procès a finalement été reporté à mardi en raison du mouvement de grève massivement suivi par les avocats du barreau de Lyon.
Dix victimes, mineures au moment des faits, se sont constituées partie civile, et cinq associations. Les plaignants, des scouts âgés de 7 à 15 ans à l'époque, reprochent à cet ex-curé des attouchements, baisers sur la bouche et caresses réciproques contraintes, notamment sur le sexe. Une vingtaine de personnes n'ont pas pu se constituer partie civile car les faits étaient prescrits.
Le procès s'ouvrira mardi matin, à 9 h 30. Bernard Preynat a fait part de sa volonté que l'audience commence rapidement. "Cela fait cinq ans que la procédure a commencé. J’ai entendu, lorsque j’ai été confronté à quelques victimes lors de l’enquête, la souffrance de ces personnes dont je suis coupable. Je comprends qu’elles désirent que le procès se déroule le plus vite possible", a-t-il dit à la barre.
"Il doit dire vraiment tout ce qu'il a fait"
"C'est l'occasion de clôturer une grosse page de ma vie, j'y vais avec de la curiosité, de la sérénité et je veux surtout être sûr de dire tout ce que j'ai à dire à la barre", explique l'une des victimes, Pierre-Emmanuel Germain-Thill. "Il doit dire vraiment tout ce qu'il a fait, pas pour moi, pour tout le monde, même pour tous ceux qui n'ont pas parlé", poursuit-il.
De multiples signalements de parents, victimes et membres du clergé avaient déjà conduit Bernard Preynat à admettre ses fautes devant ses supérieurs en 1991, mais l'Église s'était contentée de l'éloigner discrètement vers d'autres paroisses de la région. Ce n'est qu'en 2015 que le scandale éclate, lorsque plusieurs anciens scouts se résolvent à porter plainte. Dans la foulée, des victimes se regroupent en association, La parole libérée, pour "briser l'omerta" et placer la hiérarchie catholique face à ses responsabilités.
"C'est un procès hors norme car il remet en cause le silence de l'Église, des paroissiens, des parents, et même du Vatican qui connaissaient ses actes", commente Alexandra Renard, envoyée spéciale de France 24 à Lyon.
Quelle peine 30 ans après ?
Très vite, l'affaire Preynat devient le scandale Philippe Barbarin. "Preynat était le protégé du cardinal Barbarin", rappelle Alexandra Barbarin. Primat des Gaules depuis 2002, l'emblématique cardinal est pointé du doigt pour ne pas avoir informé la justice et maintenu le prêtre en poste. Jugé en 2019, l'archevêque a été condamné à six mois de prison avec sursis. En retrait du diocèse, il attend la décision de la cour d'appel prévue le 30 janvier.
Dans le dossier Preynat, la mise en examen du 27 janvier 2016 concerne des agressions sexuelles commises sur quatre mineurs entre 1986 et 1991. D'autres plaintes se sont ajoutées mais de nombreux faits ont dû être écartés car prescrits. L'enquête a révélé que ce titulaire d'un CAP de cuisinier, ordonné en 1971, avait perpétré ses premières agressions pédophiles dès l'âge de 17 ans, alors qu'il était moniteur de colonie de vacances en 1962.
Ayant déjà livré ses aveux à sa hiérarchie ainsi qu'aux enquêteurs, la condamnation de Preynat ne fait pas de doute, selon son avocat Frédéric Doyez. "La seule question, c'est la peine qui sera prononcée, en fonction des faits qui seront établis au procès", a-t-il relevé, en décrivant "un homme terriblement seul et isolé qui vit avec une petite retraite". L'ancien prêtre encourt 10 ans d'emprisonnement.
Sur consigne du Vatican, le curé a été interdit de tout ministère pastoral après sa mise en cause mais il a pu célébrer des messes en privé jusqu'en mars 2018. Et ce n'est que l'été dernier qu'un tribunal ecclésiastique lui a asséné sa première véritable condamnation en l'excluant définitivement de l'Église.
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