Pourquoi la traque de Redoine Faïd s'annonce compliquée

Roi de la cavale, Redoine Faïd est décrit comme "méthodique et réfléchi". Il commet très "peu de fautes" assure un ancien responsable de la lutte contre le crime organisé. Se fondre dans la masse, mais toujours rester en mouvement, le plus célèbre braqueur de France excelle dans l'art de la dissimulation. Cette fois encore, sa traque s'annonce ardue. L'homme le plus recherché de France, c'est lui.

Ce statut, Redoine Faïd l'a déjà endossé à plusieurs reprises. Sa première cavale remonte à la fin des années 1990. À cette époque, il est recherché pour de multiples vols, cambriolages et braquages. Son refuge? "Les hôtels Campaniles" parisiens, révèle-t-il dans son autobiographie Braqueur parue en 2010. "Comme il n'y a que des commerciaux, tu dois te fondre dans la masse."

Il s'emploie à mener un train de vie banal, se lève à 7 heures, circule durant les heures de pointe en "Clio"... Le film Heat, source d'inspiration En 1996, l'un de ses complices est arrêté et le dénonce, rappelle Franceinfo. "Moi, je suis déjà en pré-cavale (...) En prévision que ça tourne mal un jour, je m'étais procuré des faux papiers." Direction l'Algérie depuis la Belgique. Un bref passage de quelques jours au pays, avant un retour en France.

Son objectif prioritaire: trouver de l'argent pour mener sa cavale. C'est là qu'il décide de s'attaquer aux fourgons blindés et s'inspire notamment du film Heat avec Robert De Niro et Al Pacino. La première tentative menée à Villepinte rapporte plus de trois millions d'euros à son commando. Redoine Faïd reçoit une balle de police dans l'épaule, mais parvient à échapper aux forces de l'ordre. Il enchaîne les allers-retours entre la France et Tel-Aviv.

"Je me sens bien en Israël. Mais il y a un problème. Je m'emmerde." Lors de ces passages réguliers dans l'Hexagone, il s'attelle à faire tourner les affaires. Coincé à cause d'une grève Habitué à fréquenter les aéroports suisses "car les douaniers ne se méfient pas trop de quelqu'un qui vient de Suisse", il est trahi par... une journée de grève des transports aériens. Contrôlé dans un train, il est menotté pour détention de faux papiers.

Mais il parvient à se faire la malle avant d'être à nouveau interpellé quelques heures plus tard et... de reprendre la fuite après avoir volé l'arme d'un policier. Il est finalement arrêté le 28 décembre 1998. Remis en liberté conditionnelle en 2009, il se présente comme "repenti" dans les médias. Il est une nouvelle fois arrêté en 2011, impliqué dans l'attaque d'un fourgon qui a coûté la vie à une policière en 2010.

Entre-temps, un autre braquage a rapporté plus de 2 millions d'euros à son gang. En 2013, il s'évade de la prison de Sequedin, après avoir pris des gardiens en otage et avoir fait sauter les portes blindées avec des explosifs. Une fois dehors, c'est un "petit délinquant" de 28 ans qui est chargé de le couvrir. "Je cherchais des hôtels, des voitures, j'allais au pressing. Les voitures dans lesquelles nous avons roulé étaient clean.

J'allais sur leboncoin.fr. Je faisais les transactions uniquement en liquide, révèlera plus tard le jeune homme à la police, un témoignage relayé par Franceinfo. "Une ou deux opportunités de l'interpeller" "En 2013, nous avions constaté à quel point Redoine Faïd était organisé" commente dans Libération l'ancien sous-directeur chargé de la lutte contre le crime organisé , Bernard Petit.

"Avec lui, vous savez que vous n'aurez qu'une ou deux opportunités de l'interpeller, et qu'il ne faudra pas les manquer." Finalement, il est repris en voulant acquérir des papiers à un vendeur de faux passeports. En réalité, il tombe sur un indic de la police. Retour derrière les barreaux juqu'à ce dimanche 1er juillet et son évasion spectaculaire de la prison de Réau.