En Moldavie, l'ex-Première ministre europhile Maia Sandu a été proclamée vainqueur lors de la présidentielle face au candidat sortant pro-russe Igor Dodon. C'est la première femme à accéder à la présidence dans cette ex-république soviétique, toujours sous influence de Moscou.
Après le dépouillement de 99,07 % des bulletins, l'ex-Première ministre pro-européenne Maia Sandu a remporté le second tour de la présidentielle, dimanche 15 novembre, en Moldavie. Elle a largement devancé le sortant pro-russe.
Maia Sandu, qui promet une lutte sans merci contre la corruption, a obtenu 57 % des suffrages contre 43 % pour Igor Dodon, visé par des accusations de corruption pendant son mandat de quatre ans.
La victoire de Maia Sandu, 48 ans, première femme à accéder à la présidence dans cette ex-république soviétique balançant depuis des années entre ambitions européennes et rapprochement avec Moscou, risque d'être mal vue par la Russie qui craint de perdre son influence dans la région.
Alors que les résultats complets sont attendus d'ici lundi matin, des célébrations ont éclaté devant le QG électoral de la candidate, dans le centre de Chisinau.
Des scènes de liesse en l'honneur de la nouvelle présidente
"Maia Sandu présidente" et "Un pays pour les jeunes", ont scandé plusieurs dizaines de ses supporters en applaudissant et lui offrant des fleurs, avant de se disperser en pleine nuit.
Igor Dodon, âgé de 45 ans, a reconnu sa défaite au second et félicité sa rivale. "Le décompte préliminaire montre que mon adversaire a gagné cette élection", a déclaré M. Dodon. "Je la félicite", a-t-il ajouté.
La victoire de Maia Sandu augure "une claire baisse de l'influence russe", a constaté pour l'AFP le directeur exécutif de l'Institut de la politique européenne et réformes à Chisinau, Iulian Groza.
Maia Sandu, qui a la réputation d'être incorruptible, "va faire avancer les réformes" et "va pouvoir défendre les intérêts nationaux en dialoguant avec la Russie", a ajouté Iulian Groza.
Économiste de formation, Maia Sandu avait travaillé pour la Banque mondiale (BM) à Chisinau de 1998 à 2005, puis à Washington de 2010 à 2012. Avant son bref passage comme Première ministre, elle avait également dirigé le ministère de l'Éducation.
La Russie, confrontée cette année à des mouvements de protestation en Biélorussie et au Kirghizstan, qu'elle considère comme sa zone d'influence après avoir rompu depuis 2014 ses liens avec l'Ukraine, soutenait ouvertement le président Dodon.
Moscou a par ailleurs accusé Washington d'orchestrer "un scénario révolutionnaire pour la Moldavie en novembre".
Bucarest, qui a de forts liens historiques avec ce pays roumanophone, a de son côté soutenu Maia Sandu.
Un pays européen frappé par la pauvreté
Amputé d'une partie de son territoire, la Transdniestrie, contrôlée par des séparatistes pro-russes, la Moldavie, pays de 3,5 millions d'habitants, figure parmi les plus pauvres d'Europe. Jusqu'à 40 % de sa population, selon les estimations, est partie à l'étranger pour échapper à la misère.
Coincée entre l'Ukraine pro-occidentale et la Roumanie membre de l'Union européenne, la Moldavie a été secouée en 2015 par un énorme scandale de corruption, concernant la disparition d'un milliard de dollars (l'équivalent de 15 % du PIB) des caisses de trois banques nationales.
"Aujourd'hui, vous avez le pouvoir de punir ceux qui vous ont volés, qui vous ont réduits à la misère et contraints de quitter votre maison", a lancé Maia Sandu, dimanche, après avoir voté à Chisinau, dans une allusion claire à son rival.
Maia Sandu avait créé la surprise en arrivant en tête du premier tour de la présidentielle grâce au soutien inédit de la diaspora. Près de 258 000 Moldaves ont voté à l'étranger, un record.
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