Les sociétés africaines adoptent les nouvelles technologies dès qu’elles leur sont accessibles. Grâce au numérique, le continent est en train de se transformer à une vitesse tout à fait exceptionnelle.
L’Afrique a rapidement adopté le mobile-banking.
Le domaine des nouvelles technologies de l’information et de la communication est de ceux qui traduisent, mieux que d’autres, la participation de l’Afrique à la mondialisation. Le nombre des pays offrant l’Internet haut débit (ADSL) est en forte croissance et le taux de pénétration dépasse toutes les prévisions des spécialistes. Notamment dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Sénégal, le Soudan et la Tanzanie où, par exemple, les taux de croissance ont franchi, dès 2005, la barre symbolique des trois chiffres. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la fracture numérique entre l’Afrique et le monde développé est de plus en plus ténue. Pascal Renaud, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), en veut pour preuve les résultats d’une enquête menée il y a deux ans au Burkina Faso. Dans ce pays, « un des pays parmi les plus pauvres du Monde, 70% des lycéens de terminale et plus de 90% des étudiants ont une adresse email et un téléphone portable, chiffres équivalents à ceux de la France. Ces mêmes étudiants consultent de plus en plus systématiquement des sites internet pour compléter leurs cours. Mieux encore, ils misent sur l’internet pour faire jeu égal avec le Nord et encourageant leurs universités à s’intégrer au plus vite dans le processus de Bologne (LMD) » fait-il noter.
Plus que les USA et le Canada
« Au premier trimestre 2008, le continent africain, avec plus de 280 millions de lignes de téléphonie mobile, est passé devant les Etats-Unis et le Canada, qui en comptent 277 millions. Aujourd’hui, ce sont donc plus de 380 millions d’Africains qui utilisent le téléphone mobile régulièrement », selon le World Cellular Information Service. Ainsi, depuis l’année 2002, le marché africain enregistre une croissance de 49%, qui en fait la région connaissant la plus forte expansion au monde, devant le Moyen-Orient (33%) et la région Asie – Pacifique (29%). La plupart des marchés en très forte expansion étant situés dans les parties nord et ouest du continent africain, qui pèsent 63% du nombre total de connexions dans l’ensemble de la région.
En Afrique, si longtemps dépeinte comme réfractaire aux innovations, l’adoubement généralisé du téléphone portable, jusque dans les coins les plus reculés, et l’engouement à l’égard de l’Internet ont favorisé l’implémentation, plus tôt qu’envisagée, de nouveaux services.
Dans cette partie du monde, longtemps dépeinte comme réfractaire aux innovations, l’adoubement généralisé du téléphone portable, jusque dans les coins les plus reculés, et l’engouement à l’égard de l’internet ont fini par favoriser l’implémentation, plus tôt qu’envisagée, de nouveaux services. Surfant sur la vague de la faible bancarisation du continent, nombreux sont les opérateurs de téléphonie qui proposent un service de mobile banking. Un système qui consiste à utiliser le portable comme une carte de paiement et dont le franc succès des phases pilotes en Côte d’Ivoire ouvre la voie à une généralisation continentale. Jouant des facilités diverses qu’offrent les NITC, le continent travaille à combler ses insuffisances dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’information : université virtuelle procurant une formation universitaire par voie de vidéo-conférence, fourniture d’informations spécialisées par l’Internet, combinaison de l’internet et de la radio, combinaison de l’Internet et du téléphone portable, télé-médecine sont quelques-unes des solutions qui ont émergé sur le continent, permettant aux populations de s’émanciper des obstacles géographiques.
Une logique d’appropriation
Ces nouveaux outils contribuent à redéfinir les enjeux sociaux en offrant de nouvelles ressources. Le caractère inventif des usages dont ces technologies font l’objet sur ce continent en témoigne. La logique d’appropriation qui permet ces usages multiples élargit considérablement la marge de manœuvre des Africains face à un environnement sociopolitique et économique marqué par la pénurie. « Cette motivation, comme le relève Jeannot Ehouman, spécialiste ivoirien des NITC, est quelque peu éloignée des inflexions d’une société de consommation, plus de gains de productivité pour les entreprises et plus de simplicité pour les consommateurs, qui sous-tendent le développement du tissu numérique en Occident ». Mais ici, comme là-bas, la finalité est la même : les dividendes de la mondialisation. Et sur ce terrain, l’Afrique y parvient fort bien malgré son handicap infrastructurel
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